Prouve moi que tu m'aimes

Giorgio Buitoni

Avant dernier chapitre de mon roman " Amélie à tout prix ".

Donnez-moi l'hexagramme 54 du Yi-King, Kouei Mei, l'épousée. Au-dessus du lac est le tonnerre. Ainsi l'homme noble connaît les choses passagères à la lumière de l'éternité de la fin.

Oui, la fin.

Je me souviens.

Tôt ou tard, vous finissez par agir selon le plan de mademoiselle Richard.

L'arme est fourrée dans la poche de mon imperméable, et je grimpe à l'échelle de métal vers le toit du hangar à la suite d'Amélie - clong clong clong. Lorsque mes yeux affleurent au ras de la toiture en tôle, c'est la pointe cuir de ses escarpins géants que je vois. A mesure que je lève les yeux vers les étoiles, sa silhouette se dresse et s'amenuise au bout de ses jambes télescopiques à bas nylon. Ses mains à bijoux sont épinglées à ses hanches. L'infâme bague Myrtille Party. L'abjecte bague Moby Dick. Ajoutez un pavillon de cheveux noir ondulant au vent sur son épaule. L'ensemble est la vision d'une divinité antique attendant la venue de quelque monstre mythologique, me contemplant de toute sa hauteur. A la lumière de la lune, son regard est froideur de banquise. Extra-terrestre insensible. Monstre de confiance en soi.  

Cette fille vous pourriez très bien l'imaginer unique survivante d'un groupe d'étudiants venu camper dans la forêt, triomphant du tueur fou au hachoir à la fin de n'importe quel film d'épouvante. Et le tout  vêtue d'un débardeur de coton blanc en lambeau et un téton à l'air. Le tout avec le visage maculé de sang séché, mais sexy quand même.

" T'y es, Lapin ? " elle demande en relevant mon menton de la pointe de son escarpin.

Je lâche une main de l'échelle, sors le flingue de la poche de mon imperméable, et le braque sur son entrejambe. Amélie lève les yeux  au ciel.

" Lapin... J'ai déjà un trou à cet endroit. "

Que voulez-vous répondre à ça ?

" Quand tu auras fini de jouer les caïds, on pourra parler d'amour. "

Elle s'accroupit et enfiche son index dans le canon de l'arme.

" Arrête de faire ça ! je dis. Je suis très dangereux ! "

Elle ôte son doigt, et l'enfourne entre ses lèvres épaisses et rouge - l'enfourne et le ressort, l'enfourne et le ressort -, puis elle me tend la main.

" Tu montes, dis ? "

Je tends la main, et elle me hisse à ses côtés sur la toiture en tôle du grand hangar de la fin du monde. D'un hoquet de la mâchoire, elle désigne le panorama. 

" N'est-ce pas magnifique ? "

Rien d'autre que les eaux noire pétrole du fleuve  à perte de vue, reflétant l'éclat blafard de la lune. Au loin, les petites cases lumineuses des immeubles, empilées les unes sur les autres, bêtes et cubiques. A l'intérieur, de minuscule personne vivant leur minuscule vie faite de minuscules habitudes, se demandant comment ils vont payer l'orthodontiste pour leur môme, ou parvenir à tirer un coup avec cette nouvelle collègue de bureau.

" A regarder la ligne d'horizon, dit Amélie, on comprend pourquoi nos ancêtres pensaient que la terre était plate. Galilée avait...

- Bla bla bla... Je te rappelle que tu es une petite salope qui m'a trahis et que tu es sensée te racheter. J'attends tes excuses, Mademoiselle Ovula. "

Elle tourne son visage vers moi, et ce sourire - oh, ce sourire -, c'est la Joconde qui s'apprête à vous faire une pipe et à vous éventrer ensuite.

" Alors comme ça, je suis une petite salope qui t'as trahis ?

- Une belle petite garce. Sûr. "

Elle déchausse ses talons hauts d'une flexion du genou vers l'arrière ; ils rebondissent sur la tôle dans un bruit de percussion métallique et dégringolent dans le vide. Les lointains ploc ! ploc ! émis à leur contact avec le sol, indiquent que nous sommes plus haut que je ne pensais.

" T'as gagné, Lapin, tu m'as foutue en rogne. "

Elle s'approche lentement de moi sur la pointe de ses pieds nus, amphore érotique à taille de guêpe tortillant du popotin dans le contre jour de la lune. Les anses de ses bras sont scellées à ses hanches. Je dégaine le flingue de ma poche et le pointe sur son museau souriant.

" Reste où tu es !

- Alors comme ça, je ne t'aime pas ? "

Ses doigts aux ongles démesurés et roses s'abattent sur ma joue cave. La sensation est plus proche de la déchirure que de la coupure. Le sang, lentement, commence à pisser sur l'épaulette de mon imperméable ; je recule d'un pas sur le toit, abasourdi.

" Tu n'as donc rien appris ? Es-tu donc incapable d'envisager ta vie autrement que comme une tragédie ? "

Le sang coule sur mes lèvres, et tout ce qui me vient, c'est une tirade extraite d'un de ces films de justicier que je visionnais en cachette étant enfant, alors que mon père paradait de séminaire en séminaire dieu sait où, et que j'avais déjà cette impression qu'un homme ne peut pas être un homme s'il ne sait pas dire :

" Une seule balle dans ta jolie petite tête avec ce flingue, et tout ce qu'il restera de toi seront tes empreintes digitales. "

Ajoutez Clint Eastwood à votre colonne qualité.

A présent, la distance qui me sépare de mon amour, la traitresse, se résume à mon bras tendu pointant le flingue sur son visage.

" Eh bien ? Tire, cowboy. Tire, si tu m'aimes ! Quand on arrête de se faire souffrir, c'est qu'on ne s'aime plus. La souffrance est la seule preuve tangible de l'amour dans notre culture de petits blancs. "

Ses phalanges à bijoux s'enroulent autour du canon et le place exactement entre ses deux yeux.

" Eh bien , Tu te dégonfles ? Te rends-tu compte de ce que je t'aie épargné ? Les vacances au camping, la pelouse à tondre et les enfants à torcher. Le surendettement et le cocufiage. Le barbecue électrique et les files d'attente aux caisses des hypermarchés le samedi après-midi. Toutes ces contraintes empoisonnées qui justifient le couple, mais ne sont pas l'amour. "

Je voulais tout ça.

Être normal.

Avoir une petite vie minuscule, et naviguer en tramway de petite cases minuscules en petites cases minuscules pour accomplir de petites habitudes minuscules.

Et je n'ai eu qu'elle.

Ma Judy Garland putain.

Elle me gifle si fort que ma tête part en arrière - mon doigt tremble sur la détente du flingue.

" Ne sois pas normal, Georges ! La normalité est un truc inventée par la publicité pour nous vendre du thon en boite et engraisser les psychiatres. "

Elle avance d'un pas, l'extrémité du canon toujours piqué sur son front, serré entre ses doigt à bijoux . Je recule.

" Je t'ai offert la souffrance du manque, Georges. L'humiliation de la dépendance affective et la douleur de la trahison. C'est cela que tu aimes. C'est cela que tu appelles ton amour pour moi. Ta jouissance inavouée et pathologique pour la servitude. Ce que tu aimes chez moi, c'est que je te mets face à ta propre haine de toi. A ton conditionnement à souffrir.  Et tu appelles cela m'aimer ? "

Ses pupilles se troublent. Elle caresse ma joue ensanglantée, juste sur l'entaille brulante de ses ongles. Puis ses doigts joints glissent lentement en travers de son visage et y tatoue une trainée sanglante. Ses sourcils froncent sur ses yeux immenses et verts, petites bouches-crocodiles hérissées de faux cils qui happent l'attention chaque fois qu'elles clignent.

" La souffrance est la seule preuve tangible que nous nous aimons, Georges. Elle est ton initiation à l'age adulte et à l'amour inconditionnel. Oui, il est temps de terminer ton initiation à la liberté, Lapin. Ensuite, je te montrerai à quel point je t'aime. Mais d'abord, embrasse-moi. "

Ses lèvres-ventouses, luisantes comme du cuir rouge, s'approchent de mon visage et aspirent ma bouche. Le coup de genou dans mes valseuses qui suit m'envoie valdinguer sur la taule, les deux mains agrippées à l'entrejambe. Le flingue caracole sur la taule.

" Ça, dit Amélie, en ramassant l'arme du bout des doigts, tu n'en auras plus besoin pour te faire respecter. "

Dans le contre jour de la lune, son bras exécute un moulinet en direction du fleuve - je perçois un plouf ! assourdi et lointain.

" Maintenant, laisse moi te parler des jeune Matausa en Papouasie Nouvelle Guinée. "

La découpe de sa silhouette en ombre chinoise progresse sur la pointe des pieds, accomplit un tour sur elle même, façon ballerine, et s'accroupit face à moi.

" Afin d'être perçus comme des hommes, les jeunes garçons doivent passer par un rituel en trois étapes. Il s'agit en réalité de se purifier et notamment de tout ce qui touche à la femme. Pour eux, il faut donc éliminer la femme de leur corps, et elle se situerait dans leur sang. D'abord, les hommes doivent s'enfoncer de très longs morceaux de bois dans la gorge, pour vomir le plus possible. Ensuite, ce sont des feuilles en forme de cônes qui sont insérées dans leur nez, le plus loin possible. Du sang et du mucus en ressorte. "

Mes noisettes continuent à jouer du tambour dans ma tête.

" Relève-toi, maintenant "

J'obéis.

Nos visages sont en vis-à-vis. Elle dit :

" La dernière épreuve est probablement la plus douloureuse : à plusieurs reprises, une petite flèche très pointue est tirée sur la langue des initiés. De retour au village, après s'être nettoyés dans la rivière, les garçons sont devenus des hommes. "

Je dis que je ne vois pas le rapport avec Madame Claude. Ni avec son sournois complot avec ma chère maman pour me faire tomber dans ses filets. Elle enfonce l'ongle de son index dans mon estomac en creux. Son visage est à un souffle du mien. Ses lèvres en gros plan sont si pleines et retroussées qu'elles ne peuvent avoir été créées que pour sucer ou embrasser les choses.

" Le rapport, mon petit monsieur, c'est que tu cherches inconsciemment à te faire arnaquer et dominer. Tout en toi, dit " Allez-y, je suis un pigeon, profitez de moi, c'est Ok. " Ton existence entière est justifiée par l'auto-apitoiement. Sans ça tu n'es rien. Tu l'aimes tellement ta petite couronne d'épine qu'elle annihile même tes instincts les plus nobles. Tu n'es pas différent de ces loups domestiqués qui tendent la patte au zoo pour un bout de chocolat. "

Je dis que je ne vois toujours pas le rapport. Je remarque, posé sur le toit, le long cordage de bateau qu'Amélie a hissé sur la taule.

" Ah, non ?  "

Le direct dans l'estomac qu'elle m'assène m'envoie de nouveau sur le cul. Le coup de talon qui s'ensuit m'écrase l'arrête du nez - le bruit d'une fracture, maintenant je le sais, c'est celui d'un os craquant sous la mâchoire d'un chien.

Amélie, victoire par K.O.

Comme toujours.

" Il faut que tu comprennes que je fais ça pour ton bien, chuchote-t-elle à mon oreille. Je t'apprends à t'aimer et, par voix de conséquence, à m'aimer comme je le mérite. "

J'ouvre les yeux : elle s'éloigne d'un pas gracile, ramasse sur le toit l'extrémité du long cordage moisi, et le traine ensuite jusqu'à moi.

" Que propose notre monde, soi-disant civilisé et son obsession du risque zéro, pour faire de toi un homme autonome ? "

La douleur des cartilages de mon nez écrasé m'étourdit, tout le décor étoilé fait du hula-hoop autour de moi. Je sens quelque chose s'enrouler et serrer autour de mon cou, si bien que pour toute réponse, je ne peux prononcer que :

" Le Brrracawaucrrréat ?"

L'oreille d' Amélie se colle à ma bouche.

" Qu'est ce que tu dis ?

- Crrrgrcltcrrlctttt !

- Qu'est ce que tu dis ? "

Je dis que tu m'étrangles.

L'étreinte du cordage se relâche. Je repète :

 " Le baccalauréat ? "

- Bonne réponse, lapin. "

Elle serre à nouveau le cordage autour de mes artères carotides

" Toutes ses conneries de diplômes et de systèmes de notations te maintiennent à l'état d'enfant. Ils ne servent qu'à  t'entrainer à hocher la tête aux humiliations d'un petit chef dans un petit bureau. L'enseignement scolaire et l'éducation de nos parents ne sont plus adaptés à ce monde. Pourquoi crois-tu que les mômes d'aujourd'hui  jouent au jeu du foulard ? "

" Tr prtrrrgnégmennntr "

Tu m'étrangles vraiment.

Ma vue se brouille et mon cœur bat à mes tempes. Le souffle des mots d' Amélie et le vent frais titillent les griffures à vif sur ma joue. Mon nez est une aubergine pulsant du sang brulant sur mes lèvres.

" Sais-tu, dit-elle, que pour devenir membre de certain gang, le rituel est un passage à tabac ? Chez les Junky Funky Kids en Afrique du sud les membres sont même autorisés à s'armer de clubs de golf ou de planche de bois pour frapper la recrue. Celle-ci doit s'en sortir indemne pour prouver sa résistance. "

Elle serre encore. Allongé sur le toit, mes jambes frétillent à mesure que l'air manque dans mes poumons.

" Ne lutte pas, si tu m'aimes ! "

La corde brule la peau de mon cou.

" Les Hells Angels jettent un seau d'urine au visage de chaque nouveau membre de leur club. Chez les Mungiki du Kenya, les nouvelles recrues doivent décapiter un ennemi qu'ils ont tué eux-mêmes. "

J'étouffe. Ma tête se gorge de sang bouillant. Les étoiles au ciel sont de petites bavures, troubles, brillantes, et clignotants autour du visage d'Amélie. Par réflexe, mes mains serrent aussi fort que possible autour de son cou.

" Ne lutte pas ! Tu dois apprendre la résignation ! Accueille-la comme un cadeau. "

Elle serre plus fort la corde autour de ma gorge. L'ensemble de mes muscles deviennent guimauves fondues et je m'abandonne à l'obscurité.

" C'est bien, tu abdiques. Tu m'as convaincue. A toi de déterminer ce que tu es prêt à encaisser pour savoir m'aimer, Lapin. "

Quand je rouvre les yeux, je suis au planétarium. Le ciel nocturne est dégagé et je vois la grande ourse. Je suis allongé sur le toit du hangar, le cordage a quitté mon cou, et le vent est frais à cette hauteur. Je passe une main sur mon visage, il est couvert de croutes de sang rugueuses. Mon nez brisé semble pousser à l'envers, vers ma cervelle. Coup d'œil vers le rebord du toit : Amélie est accroupie et contemple le vide.

" A combien tu évalues la distance, Lapin ? Pour moi, guère plus de vingt mètres. "

Elle ajoute : " Auxquels il convient de retrancher la moitié de ma taille. "

Elle se redresse de toute sa hauteur. De sa démarche lente et hypnotique - fesse droite pesant à droite, puis à gauche, puis à droite -, elle se dirige vers le cordage enroulé sur le toit et en saisit une extrémité. Elle me regarde et incline la tête sur le côté.

" Je n'ai jamais souhaité cela, Lapin. Cet arrangement avec ta mère pour te séduire, enfin... J'avais besoin d'argent. Je t'aime, mais aimer n'est pas se laisser posséder, tu comprends ? Tu te souviens de ce soir-là, ?  Sur le toit de notre immeuble ? "

Je me souviens.

 "Je me souviens que tu détiens une trop grande partie de mon bonheur.

- Bravo, mon Lapin, on se comprend ! Maintenant, en route pour le véritable amour ! Je suis toute excitée,  j'ai les tétons qui pointent ! "

Elle regroupe ses cheveux noirs derrière sa nuque et commence à enrouler le cordage de bateau autour d'elle. Elle passe en alternance par dessous ses aisselles, puis par dessus ses épaules. Après plusieurs passes, la corde forme un X géant sur sa poitrine, façon bondage.

" Ceci s'appelle le saut du gol. "

Oh.

Choisissez un promontoire d'une centaine de mètres de hauteur et une portée d'enfants à peine pubères. Chacun détermine la longueur de sa corde et saute. Deux issues : mourrez, ou accédez à la capacité à aimer. Survivez à votre saut de la foi. Prenez la responsabilité de votre propre vie. Apprenez à vous respecter. Apprenez à aimer - le côté indépendant, bienveillant et inconditionnel, du véritable amour. 

" Tu te souviens quand tu as proposé de me pousser ? ", continue Amélie.

Je me souviens.

Il faut du sang et des larmes pour qu'on vous aime. Je ne suis que le spectateur du film. Elle est de celle qu'on regarde. Allongé sur le toit, je l'observe nouer l'extrémité du cordage de marin autour d'un genre de cheminée d'évacuation en métal blanc. Amélie renifle et je sais qu'elle se retient de pleurer. Je sais aussi que sauter est une très mauvaise idée. Mais tenter de l'entraver serait vouloir la changer.

Entraver, n'est pas aimer.

J'attends le twist final.

" Bravo, tu commences à comprendre. N'est-ce pas romantique ? N'est-ce pas plus crédible que ces étudiants gominés se déclarant leur amour dans une cafétéria guimauve et surexposée à la télé ? Ressens-tu mon amour comme une éventration ? "

Amélie sautille vers le rebord du toit sur la pointe des pieds, arnachée comme pour le saut à l'élastique. Le cordage, noué à son buste et à la cheminée de métal,  se déroule derrière elle.

" Oh, ça fait haut, mon Lapin ! N'est-ce pas excitant ? "

Elle tourne la tête, son menton passe par dessus son épaule, et elle me sourit.

" Je veux dire, réellement excitant ? Comme, genre, t'as jamais vécu un truc qui t'a rendu aussi amoureux ? "

La folie n'a jamais été aussi bandante.

" Tu veux que je te pousse ? " je murmure, d'une voix enrouée.

Elle plisse les paupières sous l'éclat laiteux de la lune, et je devine les larmes dans ses yeux d'héroïne de manga - le ciel est si clair ce soir.

" Ce qui importe, c'est que tu me le proposes. Que tu aies compris que l'amour n'est pas une histoire de dominants et de dominés. Juste une question de foi. De foi en soi. En l'autre. "

Elle chasse les larmes de son regard du dos de la main et renifle. Ses bras s'ouvrent en croix. Elle bascule la tête en arrière et ses cheveux noirs pendent sur ses épaules.

" Ensuite ce sera ton tour de sauter, lapin. Maintenant, promets-moi. Promets-moi que, après que nous soyons devenus des grandes personnes, tu oublieras cette histoire avec ta mère. Promets le moi ! "

Je hoche la tête.

J'oublierais. Tout. Jusqu'au moindre détails de cette histoire de Madame Claude. Pourvu que tu m'aimes. Pourvu que tu ne me laisses pas seul. Contre eux. Pourvu que tu ne sautes pas.

" Dans ce cas, c'est parfait. "

La suite, c'est un tour de magie à Las Vegas. Je cligne des paupières - Amélie se tient là, face à moi, les talons dans le vide, les bras écartés et le regard au ciel. Nouveau clignement de paupières : elle a disparu. De ma position à demi-couchée, je regarde le cordage se dérouler dans le vide et racler la tôle du hangar tel un serpent furieux. Il se déroule, et se déroule...


Signaler ce texte