(Psycho) Psychologie différentielle

Hervé Lénervé

Mesure des différences d’efficience entre individus ou groupes d’individus.

§33

C'est la branche de la psychologie que j'aime la moins, c'est certainement la raison pour laquelle je ne la traite que tardivement, maintenant, je ne peux pas me permettre dans ma présentation académique et exhaustive du cursus universitaire de la psychologie, de la passer sous silence. J'entends d'ici les cris d'orfraie effarouchés des puristes scandalisés s'élever de toutes parts dans les bois et forêts alentour pour dénoncer mes aprioris et mon manque d'objectivité. Donc forcé, contraint et de mauvaise grâce et humeur je vais en dire un mot, ou deux, ou plus… enfin je vais en parler.

Mesurer, on l'a vu, est la propension de toutes les sciences, qu'elles soient humaines, ne veut pas dire qu'elle le soit dans un sens qualitatif, mais uniquement qu'elles traitent de l'humain.

En 1905, quand l'école devint obligatoire en France, par décret, « la révolution des bambins » éclata, faisant 23056 morts et 2 blessés légèrement, mais le problème n'était pas là. Le problème fut de répartir les enfants dans des classes, or bien vite les enseignants se heurtèrent à une difficulté qu'ils avaient crus pouvoir naïvement régler en se basant sur l'âge des enfants. Ils n'obtinrent que des sélections complètement hétérogènes, des aréopages hétéroclites et peut compatibles avec un enseignement unique. Ils s'aperçurent rapidement que ce n'était pas tant les connaissances différentes d'un enfant à un autre qui posaient problème, mais davantage leurs aptitudes psychologiques à assimiler l'enseignement. Le gouvernement français commanda une étude aux psychologues habillés à la mode de chez nous, monsieur le psychologue Alfred Binet et monsieur le psychiatre Théodore Simon, à eux deux, ils formèrent le gang Bonny and Clyde… heu, non ! Ça c'est Gainsbourg, ici, c'est le couple Binet-Simon dont les sciences humaines associèrent les noms pour en oublier jusqu'à leur unicité.

Les deux affreux mirent au point une batterie de cuisine… heu, non ! Une batterie d'un groupe de Métal…  non plus! Une batterie de bagnole, alors ??? Pas davantage! Pourtant, je le savais avant. Oui ! Ça y est ça me revient… une batterie de tests… c'est ça, des tests, je les tiens par la barbichette, mon coco… pour mesurer des enfants en fonction du rapport entre leur âge réel et leur âge mental. Cette mesure devait être celle du développement intellectuel au sens cognitif. N'oublions pas que l'échelle s'adressait à des enfants en âge de scolarité, donc, comme déjà aborder dans la rubrique psychologie génétique, avec des stades d'évolution d'opérations mentales survenant à des âges sensibles, mais sensiblement différents chez l'enfant. Au même titre que les enfants finissent tous par acquérir la marche, mais pas exactement à la même vitesse, ha, ha, ha ! Ou « Aie, aie, aie ! J'ai encore tombé, maman ! » Bref l'échelle Binet-Simon n'a pas vocation d'établir un quotient intellectuel, mais davantage des aptitudes de développement intellectuel pour une répartition homogène. Ah ! Je vous avais prévenus, c'est très chiant.

Vous pensez bien que les travaux des deux compères ripoux furent largement critiqués par leurs confrères jaloux. On leur reprocha de ne pas tenir compte de cela, de tenir trop compte de ceci et de ne pas savoir faire la tarte aux myrtilles, ce qui est regrettable, car c'est très bon. Mais bon ou mauvais, c'est ainsi, la réussite engendre toujours des polémiques de la part des mécontents aigris que l'Histoire ne retienne rien d'eux ou si peu, que rien, c'est mieux.

Peu importe, le genre était lancé sur le marché et les échelles de mesures se mirent à avoir le vent en poupe, à chacun d'élaborer dans son coin la meilleure, la plus fiable, la moins contestable. Je me souviens pour ma part, pris par le même engouement, avoir bricolé une échelle accessible à tous, d'un poids ridicule de 300g avec un encombrement, repliée, réduit à un rubik's cube pouvant atteindre une portée de deux mètres cinquante, mais l'idée ne fut pas retenue par les psychologues et même les bricoleurs la boudèrent, car il fallait trois heures pour la déplier et le double pour la réduire, pour peu qu'on ait assimilé les quatre cents pages de la notice d'utilisation, traduite du cantonais ancien à l'anglais, via le quechua. Maintenant je ne suis pas là pour parler de mes réussites.

Donc multiplication des échelles de mesure d'intelligence. Les Américains ne pouvaient pas rester à la traine, ils en auraient été mortifiés. (N'oublions pas, qu'ils n'avaient pas encore posé le pied sur la Lune. Il aurait eu l'air fin, Armstrong, s'il n'avait pas eu une échelle d'intelligence « made in USA » en poche de scaphandre.) Ils proposèrent donc le WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children) qui, bien sûr, s'imposa, à grands coups de shows publicitaires à l'américaine, dans pratiquement tous les pays où les enfants ne servaient pas uniquement à travailler dans les mines.

C'est fini, pour l'historique. Abordons à présent, la mesure du QI. Là, c'est plus sympa, car on rêve tous d'avoir un QI qui décoiffe en frisant les 130 cheveux et en bouclant les mèches à 10 000 tours/minutes. La notion de quotient intellectuel laisse de côté les connaissances encyclopédiques, dommage, car j'aurai encore pu frimer en récitant la table des cinq. La mesure ne s'intéresse qu'aux opérations logiques. L'intelligence en psychologie ne traite que des compétences d'un sujet à composer avec son environnement dans une situation donnée pour produire une performance adaptée. (En gros, mais en petit, ça sert surtout à draguer la belle voisine d'à côté qui est sérieusement mignonnette, l'alouette.)

Le QI pour adultes ne tient plus compte de la mise en place des opérations mentales, car si elles ne sont pas totalement acquises à 12 ans, ce n'est plus la peine de les attendre, elles ont dû se perdre dans les bois et le loup les a mangées. Un QI de 100 a été étalonné pour une population donnée pour être la médiane d'une distribution suivant la loi normale, cette fameuse courbe de Gauss. Anciennement appelée la loi de Laplace-Gauss, du nom des deux mathématiciens qui l'établirent, mais le temps a oublié Laplace pour ne laisser la place qu'à Gauss, car le premier avait oublié de payer ses timbres syndicaux. Donc, un QI de 100 représente la médiane (une sorte de moyenne arithmétique améliorée, pour les forts en math). Grossièrement parlant : « Bordel de Merde ! » ah, non ce n'est pas de cette grossièreté qu'on parlait, mais plutôt de généralités simplifiées, donc si on est légèrement en dessous, l'efficience est diminuée par rapport à la moyenne de la population. Si on est nettement en dessous on tombe dans la psychiatrie en devenant déficient, logique. A partir de 120, on peut commencer à prendre des poses prétentieuses et toiser ses contemporains, à 130 et plus, possibilités de cracher et d'insulter dans les lieux publics sans aucunes représailles administratives.

Il y eut d'autres tentatives de sériation de l'efficience des populations, mais l'histoire ne les a pas retenues. Comme celle de mesurer, par exemple, par corrélation l'intelligence avec le nombre de cheveux qui restait sur les têtes, moins on avait plus on était intelligent, logique, ils avaient dû fondre sous la chaleur neuronale. Mais cette échelle n'est plus utilisée ou seulement par des misogynes, car les femmes sont moins sujettes à l'alopécie.

Bon, allez, je commence à dire n'importe quoi, il est temps d'arrêter, je ne parlerais donc pas des tests projectifs, style Rorschach qui ont une portée uniquement clinique pour mesurer si un sujet à plutôt tendance à voir une cafetière quand on lui présente le dessin d'un semblant de chauve-souris.

Ok ! On se quitte ici, renvoyez-moi toutes mes lettres compromettantes, je ne voudrais pas avoir des histoires avec ma Tendre. Bye les copines !

  • J'ai un Q.I de 90, est-ce cuit pour moi docteur?

    · Il y a plus de 6 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

  • Répétez QI dix fois de suite. C'est bien c'qu'on pensait. Vous êtes un oiseau.
    Merci.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Black

    le-droit-dhauteur

    • De toute façon je le savais déjà, car les filles me disent souvent : « Hervé ! Hi, hi, hi ! Tu es un drôle d’oiseau, toi ! »

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Black

      le-droit-dhauteur

  • Amusant.

    Moi aussi je les entends les "cris d'orfraie effarouchés" ;

    "à 130 et plus, possibilités de cracher et d'insulter dans les lieux publics sans aucunes représailles administratives" je me disais aussi...

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    Marcus Volk

    • Marilyn vos Savant, (voir le paradoxe de Monthy Hall) qui possède un des QI les plus élevé dans le Monde, avoisinant les 185 a même le droit de déféquer dans les magasins d’alimentation, pas mal, non?

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Je crois qu'on estime qu'Einstein avait un QI de 200, c'est la référence en Cosmologie. C'était d'usage à une époque et ça faisait bien sur le CV de mettre son QI... ou de mettre qu'on appartenait à l'association Mensa : https://mensa-france.net/

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Capture d'e%cc%81cran 2019 01 05 18.40.31

      Marcus Volk

    • ":)"

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • J'ai appartenu à Mensa, mais ils m'ont virés les cons, tout ça parce que je n'ai pas su résoudre une équation différentielle du sixième degré en trente secondes...C'est mesquin!

      · Il y a plus de 6 ans ·
      P1000170 195

      arthur-roubignolle

    • Mais non, celui du président était de 31 sec, donc il t'a viré

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Capture d'e%cc%81cran 2019 01 05 18.40.31

      Marcus Volk

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