Quand on y pense

Hervé Lénervé

Quand on pense, qu’à partir de l’instant où je vous parle, je peux mourir d’un jour à l’autre, moi.

Comme tout un chacun, me direz-vous, mais entre nous, la mort des autres ne me fait pas le même effet. Ce n'est pas que je sois complètement insensible à autrui, mais j'ai une empathie égoïste.

Par exemple, j'ai plein d'amis qui sont morts, cela ne m'a pas fait plaisir, certes, mais je ne m'en suis pas fait une maladie, pour autant. Je me suis dit, c'est la vie ! Le lieu commun à tous mortels sur cette putain de Terre... Ok, je retire le « putain », c'est insultant pour les putes.

Et quand on pense que, pour que je sois présent, moi, Hervé, ici et maintenant. Il a fallu que tous mes ascendants vivent assez longtemps pour me procréer et cela, depuis la venue du premier unicellulaire sur cette putain de Terre. Heureusement, qu'en ces temps-là, ça copulait tôt, avant de savoir gronder. Après, ils se faisaient bouffer.

Il aurait suffi, qu'un seul de mes aïeuls me fasse faux bond, pour qu'Hervé n'ait jamais été Hervé, ici et maintenant. Ça fout le vertige, non ?

Non ! Alors, remplacez le prénom Hervé par le vôtre. Ça marche mieux, des fois ?

Même pas ! On peut dire que vous n'êtes pas sujet au vertige, vous.

Quand on y pense le mot « mort » n'est qu'un mot comme un autre. Comme « fleur » par exemple. Pourquoi aurions-nous peur d'un simple mot ? Ce serait ridicule de mourir d'une fleur au cœur.

C'est pour cette raison, que moi, je n'ai pas peur de la mort !

Mais surtout de celles des autres.

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