Quartier rouge

franzzzz

Ils faisaient la queue l'un après l'autre,
se suivaient face aux vitrines, ce soir il là faisait glauque.

Au Quartier rouge, commerce fou,
Des pavés casse pieds, la foule ;
Comme si ces filles brocardaient l'amour
A force de léoparder les murs.

Comme face à un curé qu'avait sa messe à dire eux
Ils baissaient les yeux.
Chacun planquait sa merde à lui sous une casquette ornementale,
 chacun tirait sur sa clope au menthol, camouflait son trouble mental et ses complexes sous le manteau.

Elémentaire, certains avaient encore La honte de monter.
Rideaux tantôt ouverts, tantôt tirés.
Sans y voir de corps trop découverts,
Le vitrage lui semblait de qualité.

Des vitrages, et des vie tragiques qui ne s'évitaient pas.
Des vitrages et des chambres où ces vits là giclent, partout.
Partout le long de ces vilains trajets, des vitrages.
Des vitrages jusqu'aux mezzanines,
Derrière lesquels des femmes Messaline
faisaient croire qu'elles aimaient s'salir…

Commerce d'amour au quartier rouge.
Comment parler Des hommes manchots
Qui n'savaient pas comment s'calmer ?
Leurs ardeurs elles Parcouraient les allées,
les femmes des façades Dessinaient  des lézardes
et des fissures par leurs portes entrebaillées

Les quartiers de l'une, les jambes écartées de l'autre
des moitiés d'homme erraient comme des âmes en peine
En pleine érection le macadam en perdition s'arrêtait au seuil
Des portes opaques qui s'opposaient aux porcs épiques
Qui avancaient du port au parc, en passant par les coffee shop…

Des automates distribuaient des clopes et des capotes
Les pavés mouillaient des mégots. Une odeur de vapote.
Près des canaux dépravés, Des barques clapotent
et des épaves faisaient comme des travées, Moitié moites moitié hot.

Détraquée la vantardise Des ruelles étriquées
masquée par le bruit des troquets.
Et puis Des néons trop clairs et des coléoptères collés après.

Quartier rouge, commerce d'amour
Du love Désincarné, flou.
Des escaliers qui les séparaient toutes
Des odeurs de shit et de chiottes,
Des chemises et des shorts,
Des belles cuisses et des moches

Des envies de trique, de triquer des nanas de stock.
Le soir à Amsterdam près des docks
c'était comme prendre le TER à Vitry.
Chacun sa vie, trime pour la gagner comme il peut

De la pitié pour ces humains,
Qui lisait leur magazine d'une main.
Une foule de refoulés,
Qui avançait par petites foulées

Au Quartier Rouge Sans vous paraître vulgaire
On est tous un peu client d'un coup
On aurait pu faire partie de la foule
A la recherche d'un grand amour
Ou de l'espoir qu'une porte s'ouvre

On parcourt tous le quartier rouge.
Parfois l'on se perd dans des histoires qui sentent le sperme
et parfois l'on se perd dans des quartiers pervers
 où rarement on se permet
De toquer aux fenêtres.

Quartier Rouge, on se soigne comme on peut
comme si ça suffisait un cachet
Chacun dans sa cachette à décacheter son blues
Avec ses propres outils
Comme si ces filles brocardaient l'amour
A force de léoparder leur booty

Quartier Rouge, Terminus Quartier Rouge
Un voyage au bout de la route
Comme si vous Partiez pour
Combler un vide de trous...

Le pire c'est de ne plus jamais savoir ce que l'on cherche,
pourquoi on marche, pourquoi on court,
Pour qui on trace ou on s'essouffle
dans les sales coins d'un quartier rouge

Dans les recoins sombrent nos quartiers rouges...

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