Quel est ton nom

Christian Lemoine

A l'appel de ton nom, lève-toi. Décline ton identité. Fais-la choir et s'abîmer. Tu baisseras la tête pour signifier ta soumission, tu ploieras le cou, les épaules, versant ta sueur peureuse en gage de ta servilité. Ou bien voudras-tu encore affirmer ta souciance, froisser dans l'expérience tes totems désinhibés ? Et la surface convexe de tous les infatués iront en défilé ridicule devant des fers de brodequin, à charge pour toi de les piétiner. Tu n'en as jamais fait mystère, de cette sourde propension à la contestation. Jamais tu n'as démenti la sauvagerie qu'on te reprochait. Pourtant tu n'en abusais guère ; même, tu n'en usais pas. Il te suffisait d'un souffle agacé pour morigéner tes détracteurs. A l'appel de ton nom, tu lèveras la tête. Tu embrasseras du regard l'infinie cohorte des vies déchues dans la spirale des millénaires. De ton nom allié tu dessineras des continuités propres à supposer des éternités. Astreint à l'étayage des martyrs et des orphelins, c'est dans les tressaillements de ton héritage que tu tireras les médianes réparatrices. A l'appel de ton nom, ton silence fera bruire les forêts vides, briser les mers opaques, gronder dans la fournaise les récoltes brunies. Et ton silence. Ton silence. A l'appel de ton nom, il fracassera le ciel.
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