Racisme

Hervé Lénervé

Le racisme a été éradiqué sur Terre.

Le racisme n'a plus lieu d'exister depuis la « Grande Permutation ».

A présent chacun connait toute la futilité qu'il y a, à accorder une quelconque importance, à une couleur quelconque de peau.

Depuis le jour de la « Grande Permutation », nous savons, nous tous les êtres humains de la planète Terre, que chaque matin, notre couleur de peau aura changé. Un jour noire, l'autre blanche, un troisième rouge, orange ou verte, c'est ainsi, notre couleur est changeante, inter-changeante plutôt, chaque jour nous échangeons nos oripeaux avec d'autres d'oripeaux différents. Notre pensée culturelle colle aussi avec la nature de notre couleur de peau. Quand on est africain, on a une culture africaine avec des souvenirs de chaleur torride, de terre stérile et d'animaux qui ne sont pas sans danger. Quand on est chinois, on se découvre une virtuosité nouvelle, maestro de la baguette, on peut manger de la soupe avec des baguettes devant un orchestre symphonique. Quand on est boschiman, on se prend une bouteille de coca sur la tronche. Les Dieux sont tombés sur la tête à viser les nôtres avec des bouteilles vides.

Si le racisme n'a donc plus de fondement à son existence, il demeure cependant un problème quand on vit en famille, car si on ne sait quelle culture sera la nôtre au réveil, celle de votre compagne aura changé également comme celles de vos enfants de vos parents, de vos amis, de votre quartier.

***

Ainsi, un jour où je me levais dans la peau de Gandhi, ma femme était japonaise, kamikaze, mon fils, trader à la city.

Moi – Mere priyajanon ke paas, mere paas aapako saumpane ka ek projekt hai. (Je traduis) Approchez mes chéris, j'ai un projet à vous soumettre.

Ma femme -   Seifuku suru kun ?  (Je traduis) Un pays à conquérir ?

Mon fils – There is money to be made ! (Je traduis)  Y-a du fric à s'faire !

Moi – Bien sûr que non, je prêche une économie d'amour et de partage des richesses. (Je traduis instantanément à présent, car je suis polyventriglote.)

My fiston – N'importe quoi, le vioc ! Je te l'avais dit, maman, qu'il fallait le mettre en maison.

My wife – Tu n'as qu'à payer, toi, moi, j'ai des armes à acheter.

My fiston – La psychiatrie, c'est gratis ! Signe les papiers de l'internement.

Me – Enfin, mes chéris, vous m'aimez ?

My good-wife – Qu'est-ce qu'il dit ?

My rejeton – Des conneries, comme d'hab. Il n'a plus son esprit !

My dear wife I love – Il n'en a jamais eu ! Donne les papiers, je signe !

Depuis ce jour, je vis à l'asile, mais ce qu'il y a de bien quand on est fou, c'est qu'on ne le sait pas. Donc je continue à me réveiller un jour, fou blanc, un autre, fou noir, comment voulez-vous que je gagne aux échecs ? J'échoue, car même si je suis fou, je ne connais pas la façon de me déplacer sur l'échiquier de la vie.

  • Et pour les gens translucides rien n'est prévu ?

    · Il y a presque 6 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • Rien effectivement ! Et c’est un scandale ! :o))

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

  • Je me disais bien qu'il faut être fou pour croire à la rédemption du racisme.

    · Il y a presque 6 ans ·
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    unrienlabime

    • La différence fait peur ! On a beau savoir, grâce à la génétique que l’on aurait pu être tout autre, on ne choisit pas sa naissance, ses parents, son milieu, tout nous est imposé et pourtant le racisme existe, quand même. Donc ma parabole n’aurait rien changé, le jour où l’on serait blanc, on mépriserait le noir, qu’on était la veille. C’est sans solution ! La bêtise est humaine. :o))

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

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