Réactance

dechainons-nous

Liberté de la pensée et de son expression

Je ne suis pas Charlie, je l'ai été quand j'étais plus jeune il fallait bien que le côté réactionnaire se déchaîne un peu, dynamiter les dogmes et les institutions évitait de trop réfléchir et permettait de s'acheter une opinion à bon compte. Mais la vie m'a appris que pour être respecté il fallait savoir être respectable et que cela passait par le respect des autres.

Je ne suis ni Voltaire ni Rousseau (enfin si un peu quand même) mais la liberté d'expression ça me cause de temps en temps, des fois ça me crie très fort dans les oreilles pour couvrir tous ces persiflages des anticonformistes se conformant à des doctrines normalisées.

Je ne suis pas un mouton et pourtant j'ai défilé, certes, un peu dégoûté que le politiquement incorrect se fasse organisateur avec des couacs rattrapés à la sauce amère. Je n'ai retenu que le côté spontané et rassembleur, de mes frères et sœurs prolos qui voulaient nourrir le projet de vivre ensemble. Nantis nous le sommes mais l'estomac plein n'empêche pas moins de réfléchir que l'estomac vide.

Je ne suis pas athée, pas plus que religieux, la laïcité cela ne veut peut-être pas dire grand-chose pour vous mais pour moi cela veut dire beaucoup, ça veut dire que des millions de femmes et d'hommes sont morts debout pour arrêter l'hégémonie des gourous fous sanguinaires de tous poils qui ont déferlé et déferlent de par le monde depuis que l'homme est homme. Cela veut dire que nous sommes les porteurs d'un projet qu'il faut continuer d'élever.

Je ne suis ni infidèle ni mécréant, encore moins une brebis égarée ou n'importe quel autre qualificatif visant à m'humilier, je n'ai jamais pactisé avec un dieu fantoche qui voudrait me voir agenouillé ou courber l'échine et je refuse que l'on m'insulte de la sorte. Je suis l'avocat du diable à qui l'on voudrait faire porter tous les maux de nos faiblesses.

Je n'ai pas d'idéologie, ni de maître à penser, à chaque jour suffit sa peine pour construire un demain plus juste. Depuis plus de 400 000 ans que l'homme s'est brûle les doigts avec son silex s'il existait un mode de société idéal et viable, cela aurait fait résonance dans les cavernes ayant abrité l'humanité. Et pourtant la terre continue de tourner même si je l'entends de temps en temps vaciller et je crois toujours en l'idée de vivre tous ensemble avec nos différences.

J'aurai voulu être Charlie, mais je ne pense pas savoir faire preuve d'abnégation et d'accepter de mourir pour cette liberté d'expression que l'on nous a offert sur un plateau d'argent.

« Eux » comme tant d'autres ont su !

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