Réalité / Virtualité

bartleby

Chaque matin, un réveil m'arrache à mon sommeil trop court

Chaque matin le soleil caresse mes cheveux et m'éveille doucement


6h45. Je bois mon café que j'ai préparé la veille, archi fort

6h45. Mon homme se serre contre moi, passe sa main sur mes cuisses et mes fesses


7h10. Je me déshabille en toute vitesse. Me réveille (enfin, tant bien que mal) sous ma douche, me savonne...

7h10. Il me fait l'amour, une deuxième fois. Ses baisers sont les plus chauds et les plus tendres


7h30. Je sors de chez moi, en retard

7h30. Je relève les draps sur nos épaules nues

8h. Je marche vers ma station de métro, je passe devant le petit café comme chaque matin. Deux hommes buvant (déjà) un verre, me sifflent

8h. J'ouvre ma session. On vient de m'écrire un texte charmant, peut-être un poème, une pensée... J'en rougis.


8h30. Je suis au travail et déjà mes collègues parlent derrière mon dos.

8h30. Je suis excitée, déjà, file dans ma garde-robe. Il y a là une tenue des plus merveilleuses. Je la passerai ce soir. Je réfléchis dès à présent s'il faudra se sauver en courant, de nouveau.


11h45. J'ai faim, mon estomac gargouille, je n'ai qu'une seule envie, m'échapper de ce bureau.

11h45. Je reçois des roses, avec des billets sublimes. Je rêve d'aventures, de voyages, de séduction, de plaisir. Mon cœur papillonne.


13h. Je m'endors. N'importe comment, sur mon siège 

13h. J'écris. Avec une soif invraisemblable d'inspiration. Ma tête est folle, mes doigts n'en finissent plus de pianoter. Et je lis.


14h-17h30. Lui et moi n'avons pu nous joindre, ça me rend triste. J'attendrai qu'il m'appelle ce soir.

14h-17h30. Lui et moi avons parlé, en déclarations d'amour suggérées. Je serai avec lui ce soir

18h-20h. Je fume. Je mange. Je fais du ménage. Je fume. Je prends l'air. Je fume. Je pense à lui qui me manque à en crever 

18h-20h. Je regarde l'horizon, prends une cigarette et me demande si je ferai en sorte de perdre une pantoufle de vair pour qu'on me la rechausse ou faire en sorte de bien la garder sur moi pour qu'Il me l'ôte, comme ma robe, fougueusement.


20h-22h30. J'attends. Le cœur battant.

20h-22h30. J'attends, fébrile, une première enveloppe.


22h30. Il appelle

22h30. Il appelle

22h30. Ma réalité est la plus belle chose au monde. La virtualité s'évapore. Mais je la garde un peu, quelque part, bien cachée au fond de mon âme.


1h. Je m'écroule. Des fantasmes frustrés me parlant de son absence. 

1h. Je me sauve à cette heure précise. Ma pantoufle ne s'est pas défaite de mon pied. 


Demain, tout recommencera.



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