Regarde qui je te ramène de la prison

Thierry Kagan

Ca, c’était du violon !

J'ai eu le temps de cultiver mon jardin : semer mes graines, affiner mes patates et y épaissir mon bifteck.

Je refais une dernière fois le tour du monde. Du moins, le mètre carré qui m'est dédié dans la suite pour quatre

Et direction la sortie.

Les formalités, je les connais bien : je signe, promets de ne plus faire de conneries - disons, plus les mêmes - et je récupère ce avec quoi j'ai intégré l'hôtel.

Voilà.

Dehors, les pieds dans les pâturages d'en face, y a un type.

Il me regarde, il me sourit.

D'habitude, je réponds aux sourires. Mais là, je me réserve parce qu’on n’est pas sous la douche.

Il s'approche.

Il a un air de maton. Je le reconnais, il est en civil : c'est celui de ma section.

Il vient vers moi en me tendant la main. Je crois qu'il en veut une poignée.

J'ai peur de la rater alors je la lui refuse. Et lui demande ce qu'il me cherche.

Il raconte qu'il a rendu son badge, qu’il change de voie, que j'ai une tête qui lui revient et que ça lui plairait de me dépanner.

Il me désigne sa caisse et me propose de me rapprocher de n'importe où.

Alors… alors je me laisse aller. Je monte et ferme ma gueule.

On démarre, on roule, je regarde le paysage. Partout l'herbe est verte. Les espaces sont grands et j'en ai le vertige.

Il cause mais je n'entends que des bribes. Du mal à fixer mon attention.

Assez rapidement, on arrive chez lui. Je n'avais pas prévu, mais je fais avec. Il me donne une brosse pour me repeigner, que je sois présentable, qu’il dit.

Une gosse nous accueille : sa fille. La patronne, derrière.

Tous dans le salon, le type raconte qu'il m'a ramené du pénitencier et qu'il va me faire voir du pays. Comme une action sociale, pour me réintégrer. En douceur.

Puis, il disparaît à l’étage.

L’enfant me demande à quoi sert le bouton que j’ai sur le nez.

Je n'ai rien à répondre alors je ne dis rien. Elle me le rend bien. La mère aussi.

Puis le sauveur redescend avec une valise. Lourde. Il sort et la fourre dans le coffre. Et il revient, me prend par le bras, direction la sortie. Je ne dis pas au revoir et de me retrouver à nouveau à la place du mort.

Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, mais je me laisse aller.

Encore et encore.

Quelques centaines de kilomètres et il me propose de casser la croûte. Il a tout préparé. En même temps qu'il rétrograde avant l’aire de repos, il sort de sa poche un couteau à cran qu'il m'offre. Je ne refuse pas, ça lui fait plaisir. Et puis ça me change des surins bricolés de la prison.

A table, il chantonne et étale entre nous pâté, saucisson, fromage et pain. Je plante doucement mon cadeau dans le gruyère : il n'a pas l'air de souffrir. Je coupe net un morceau. Là, je suis sûr qu'il est mort. Et je le bouffe, comme un sauvage : ça fait du bien.

On repart. Pas longtemps après, dans une ville modeste, on s'arrête devant un immeuble de petite classe. Je ne pose toujours pas de questions. On monte deux étages glauques, on pénètre un deux pièces. L'entrée sent le réfrigérateur éteint depuis des lustres dont on aurait ouvert la porte après y avoir oublié grand-mère.

Ca pue.

Il me dit de m'installer pendant qu'il fera quelques courses.

Avant de sortir, il prend le petit couloir avec la valise et en revient pas longtemps après. Toujours avec la valise.

Un peu de tranquillité, enfin !

Et puis… je m'interroge. Je sais, ce n'est pas trop tôt, non plus.

C'est bizarre, quand même, un ex-maton avec tant d'attention.

Il aurait été gay, j'aurais pu comprendre. J'aurais même pu le dépanner.

Mais ce n'est pas ça.

Je me lève et vais pour pisser. Au fond à gauche, un peu comme partout.

Là, je bloque sur la porte qui est verrouillée.

Puis, tout à coup, j'entends des poings qui frappent et le très mélodieux "Police, ouvrez".

Ca fait cinq ans que ce doux concert n'avait pas résonné.

Sans autre sommation, la porte explose, une bonne dizaine de cagoules me plaque au sol et investit le palace.

Deux vont pour défoncer la porte qui m'avait résisté et l'un d’eux revient très vite pour annoncer que la femme est là, en plusieurs morceaux.

J’ai le nez dans la moquette et plein d’autres sur le dos, mais ça ne m’empêche pas de me demander ce que sont ces salades.

Dans le panier, entre deux féroces, je crois comprendre : je me suis fait avoir. Tout simplement. Comme un bleu.

Le maton avait besoin d'un porte chapeau et il m'a choisi : le puzzle était une occasionnelle. Dangereux comme jeu, par les virus qui courent, de faire dans la découpe.

Au poste, devinez par qui je suis accueilli !

Exactement : mon bienfaiteur. Réorientation de carrière, dans la volaille.

En plus, c’est lui qui doit m’interroger. Sa cuisine, certain qu’il l’a déjà mijotée.

Le mobile ? Je ne m’en fais pas, il saura le tourner.

Enfin, les preuves, je les vois d’ici : du sang sur le couteau qu'il m'a offert ; des empreintes partout ; des cheveux de mon cuir à l’intérieur même de la victime…

Je ne pensais pas retourner au bercail si rapidement !

Une erreur judiciaire, ça c’est du bon terreau !

Pour reprendre mon jardin, là où je l’ai laissé, pas plus tard que ce matin…

  • Sup,herbe,aubade tirade,O,pain,bagne,art,cépage,O,levain level de seigle pixel,sève de miette érable tarmac d arable,t air,O,monocle chloroplaste,glaive haie glaise,a la Vie dock Vi,dal,ettt a la Santée,RIP,ail,O,Jacques,O,Mets,rime,impasse cent code,permis de conduite,Cot cot pène Hall,pèt Hall,Bravo,ettt terrible de puits sens,votre Fine,Hall,ettt mème que cela m a Rap,eu,lettt,une nouvelle,heu,JAM,haie,écrite,mais SAEZ Huns,Vite,aile derechef,une bribe a DO,16,houx 17,ettt,a une air,mine,l Or,éole,vissé sur un bure,O,avé deux lardus en faction,bein,d une voix flu,ettt,a l air mine,wesh,wesh,éé,
    m,sieu a la robe pli,SAEZ,sachez que mon tit coeur trip pour Gene Vincent,et kiff,Jacques Mesrine,voili,voila,
    l arobase keum en robe,éé,heu,OK,mets,mais,mais,
    est ce une raison,pour rendre une bouteille de limon,ade,toute liquide de tesson,sur le képi d un idem aux deux pouls,BO,ici mème en faction,alors,?
    heu,bein,sur le front et la tète toute castrat marine,d un baveux mielleux col,a,reuu,surement une bulle auvent carpe diem,msieu ourlet sous vot,bure,O,ettt mème que avé le temps et la relance,bein,
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    · Il y a plus de 10 ans ·
    2012 09 07 12.19.16   copie 92

    Fil,Hip,Oohhh, 18 Rockin Cher

  • C'est écrit comme du cinéma, une situation qui me rappelle les frères Cohen dans O Brothers par exemple, excellent film.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

  • Bon, on va dire que le monstre a fait chauffer le foie très légèrement pour que la température qui s'y prend et qui indique l'heure de "fin" coïncide avec l'emploi du temps de notre malheureux piégé.
    Tiré par les cheveux ?
    Non, par le foie.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Img 20190711 155330

    Thierry Kagan

  • Ah zut...Marie a raison... Mais c'est bien emmené

    · Il y a presque 11 ans ·
    Tyt

    reverrance

  • pas mal ce texte !!! encore !!!!

    · Il y a presque 11 ans ·
    424474 239196019548437 195312985 n

    destructor-le

  • bonne idée (ça m'apprendra à jouer avec les incohérences)

    · Il y a presque 11 ans ·
    Img 20190711 155330

    Thierry Kagan

  • J'aime beaucoup le rythme de tes mots. Et pour ce qui est de l'histoire quand ils vont expertiser le corps, l'heure de la mort ne correspondra pas avec sa sortie non ? Il faut une suite !!! (pour notre plus grand plaisir)

    · Il y a presque 11 ans ·
    525237 629036707110410 376162468 n

    Marie Cornaline

  • merci@tous
    à bientôt, en juin

    · Il y a presque 11 ans ·
    Img 20190711 155330

    Thierry Kagan

  • retour vers la taule et ça ondule pas mal, bravo

    · Il y a presque 11 ans ·
    Mariage marie   laudin  585  orig

    franek

  • ah moi j'ai aimé. IL y a de l'humour mais une implacable rigueur dans le récit. C'était et c'est vraiment super.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

  • Tes textes vont me manquer...celui ci moins, mais ...j'aime pas le sang...même en mots. L'idée est cependant originale...comme tes textes.

    · Il y a presque 11 ans ·
    59577 1501068244230 1159900199 31344222 178986 n 465

    Choupette

  • Elles le sont.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Img 20190711 155330

    Thierry Kagan

  • Heureusement peut-être qu'il lui reste la famille. À moins que la gosse et la mère ne soient complices. Enfin... il est mal barré.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Image

    Archange Flippé

  • Han ... Pas de bol le gars .... Surtout que cette année le jardinage est un peu compromis. Aussi.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Illustration campagne avc

    lounalovegood

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