renouveau.

Je me remémore constamment les lignes de son visage, les regards qu'elle me lançaient avec ses beaux yeux bleus, les choses qu'elle tentaient de me faire comprendre sans même me parler, le mouvement de ses lèvres lorsqu'elle me parlait de sa vie, l'attention que je lui portais, les messages nocturnes, son « je t'aime » qui m'avait fait ressentir de la joie comme jamais je n'en avais eu, le contact de sa peau contre la mienne comme cadeau d'adieu, mais surtout la force des sentiments que j'éprouvais pendant ces courts moments en sa présence.

Bloquée dans un passé incertain, empli de doutes mais surtout d'amour à son égard, je ne souhaite pas m'en défaire. Le bien qu'elle m'a apporté dans ce laps de temps infime me permet de me sentir bien et emporte la bataille contre le mal qu'elle ait pu me faire.

Beaucoup pensent à de la naïveté, je leur répondrai simplement qu'ils n'y connaissent rien en amour.

Voir ce qui est sûrement la personne qu'on aimera le plus durant notre vie s'approcher de la notre est sans doute le bien être le plus appréciable. Remarquer qu'elle s'enfuit, le sentiment le plus douloureux. Mais l'amour emporte toujours. 

Je préfère garder graver dans mon esprit les nouvelles choses qu'elle a pu apporter dans ma routine ennuyeuse, apprendre de la situation, savoir me méfier davantage des gens, ne plus donner pleinement ma confiance comme j'avais pu le faire avec elle (bien qu'elle la possède toujours), ne plus m'attacher.
Tout bêtement prendre du recul. 

Une histoire d'amour inespérée mais qui est venue de manière imprévue se loger dans mon quotidien, dans mes pensées, qui s'est également accrochée à mon cœur d'une force si impressionnante que je ne puisse plus la retirer.

Pleins de fois j'ai espéré son retour, des réponses, un signe de sa part, de connaître les raisons de son départ, j'ai cherché des explications, des théories, j'ai imaginé un monde parallèle à ses côtés, dans ses bras pour l'éternité, à oser la regarder sans être gênée, la revoir et être comblée, faire disparaître ce sentiment d'incompréhension lorsqu'un jour elle m'ignore et le lendemain me ne regarde que moi. Mais rien n'a changé.

Après avoir tout tenté, tout laissé de côté pour essayer de construire quelque chose avec elle même les attaches les plus importantes que j'avais, il ne me reste plus rien si ce n'est des sentiments toujours aussi forts qui s'empare de mon être et la folie qu'elle m'a légué. Cet état déviant qui me pourri de l'intérieur et que je ne peux faire disparaître, encore moins en la revoyant de temps à autre.

Personne ne me la fera oublier, et ce n'est pas ce que je souhaite. J'aimerais simplement pouvoir m'envoler très loin de ce cercle vicieux qui me rend barge et tout reconstruire, un nouveau départ.

C'est pourquoi lorsque j'écris ceci, deux ans précisément à ce jour qu'elle a déserté ma vie, je me trouve dans un autre pays, dans une nouvelle maison, avec d'autre habitudes, de nouveaux visages inconnus que je croise dans la rue, une carrière professionnelle totalement différente de ce que j'exerçais auparavant en France, une nouvelle vie.
J'ai réappris à prendre soin de moi.
J'ai remis les compteurs à zéro.

Cette fois-ci, c'est moi qui ait pris la décision de fuir. Et je comprends enfin le bien qu'elle ait pu ressentir en le faisant ce jeudi soir de mars alors que nos chemins se séparaient pour la dernière fois. 

"Suis-moi je te fuis. Fuis-moi je te suis." Mais lorsque les deux fuient un amour qui aurait pu être surpuissant, au delà des frontières du possible et magnifique, comment appelle-t-on cela?