Réparateurs de cafetières

Jean Claude Blanc

bien besoin d'eux, fini de boire du petit lait

 Réparateurs de cafetières

Lassé de mon psy, jamais n'innove

Passe ses journées dans son alcôve

A ausculter les crânes chauves

Perdu la tête, la rénove

Grâce à sa science j'ai la vie sauve

Réparateur de cafetières

Lit pas dans le marc de café

Mais son soutien est salutaire

Quand la capsule va exploser

 

Etant tout près de boire la tasse

Ayant le moral à zéro

Tisane ou thé, me foutent l'angoisse

Vais à son labo expresso

Pour qu'il farfouille dans mon cerveau

D'autres comme moi bien allumés

S'impatientent d'y aller à confesse

En se répétant comme Georges Clooney

A part ce génie « What else »

 

Le sachant taquin sous sa barbiche

Fier et savant, géniale bourriche

Je m'attendais à ce qu'il me clame

« La chicorée c'est la santé »

Mais faut pas faire de la réclame

Presseur de citron, c'est un métier

Faut en avoir dans la carafe

Aux fous furieux, bien faire gaffe

Aux déprimés, tirer des baffes

Pour qu'ils voient leur malheur en face

Eux qui se montent le cou, tels des girafes  

Rien qu'à me voir débarquer

Me rongeant les ongles, excédé

De suite m'a déconseillé

Le petit noir avant de me coucher

Qu'un peu de poudre de nescafé

Pour me rassasier le palais

Ça coûte plus cher au détail

Mais faut pas plaindre la dépense

Pour je m'en sorte, vaille que vaille

Doit avaler tout ce que je pense

Cette potion, l'ai vite prise

Dès lors je fais tout à ma guise

Je m'en-foutiste, c'est ma devise

Et que ne fut pas ma surprise

Ne penche plus ma tour de Pise

Me fie plus aux remèdes miracles

Devant mon cacao je renâcle

Surtout servi en république

Devenu mou comme une chique

J'ai effacé tout ce qui m'attriste

En mon esprit, ardoise magique

Naturellement, drogue proscrite

La caféine, m'est interdite

 

J'ai ressorti ma vieille bouilloire

Où n'ai besoin que d'une passoire

Pour en extraire du jus chaussette

Pas très serré sans maux de tête

Pour moi parfait, perdre la mémoire

Mouline moi-même mes propres grains

Venus de pays misérables

Par charité pour ceux qu'ont faim

Logique, commerce équitable

La bonne marque « Malengo »

Qui me rappelle le tango

Où s'en exhale la douce fumée

D'un brésilienne qui vient danser

Devant mon bol, sitôt levé

 

Merci à ce preneur de tronche

Qui vient me souffler dans les bronches

En m'allongeant sur son divan

Que pour faire croire que je dois être content

Perds que la boule, à cause du temps

Rafistoleur de bocal

Lui s'y adonne avec conscience

M'y enfermer, quel régal

A broger seul en pénitence

Pour me tirer des forces du mal

Me suis payé percolateur

Y'a un bouton chronométreur

Kawa rapide, avec saveur

En plus de ça, nuage de crème

Me direz pas, j'ai de la veine

Moi l'innocent, la gorge pleine

Ainsi épargne mon abdomen

Mais trop en boire revient au même

Ça me retape sur le système

Alors chez le psy, vais refaire la chaine

En fait sa gratte, de son thé sucré de théorèmes

Ma vieille cafetière, plus de problème

La bricoler vaut plus la peine   JC Blanc mai 2017 (histoire d'en rire)

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