repousser la peur, habiter le temps
Gabriel Meunier
cher passé
souvenirs
petit goût perdu de madeleine
noms ! de jeunes filles en fleurs de billets égarés
de toi on dit
que personne ne peut avoir peur
qu'on peut toujours se réfugier en ton archipel
qu'on peut t'enjoliver te mettre en scène te travestir
qu'on peut faire parler les morts leur faire dire n'importe quoi
de toi on dit
tout le bonheur des enfants lorsqu'ils retrouvent chaque été leurs vieux jouets
le bonheur d'ouvrir les volets d'une maison fermée moisie
le bonheur de retrouver l'odeur du café
rappelez-vous chaque bruit de la maison chaque son du quartier
du passé faisons table rase ?
vivre comme les hommes des cavernes ?
en revenir à la bougie ?
place aux jeunes !
capital jeunesse qui n'a pas encore été grignoté par le temps
loin d'usuriers vieux sales et méfiants
loin des rats de bibliothèque
vie naissante
champ des possibles
n'assassinons pas Mozart
la copie n'est que servile
répétition mortifère de l'identique
prison de tant de lois ou d'habitudes
place au neuf
au possible
au vrai
le présent ? Il se chauffe au soleil !
parfois au détour d'un chemin un banc s'offre au promeneur
arrêtons nous regardons écoutons
l'ombre d'un nuage
écoutons le fleuve en silence
écoutons la fuite du style sur le mur
écoutons ce vent de nulle part et très loin
à l'instant présent
le présent n'existe pas
pourtant un présent est un cadeau
ligne brisée du futur
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au petit qui naît
on dit que tout ce fatras
lui sera indispensable obligatoire
pour vivre ensemble prévoir tous les cas de figure
pour manger pour marcher droit pour se soigner se déplacer
pour parler pour grandir pour se rencontrer pour aimer pour mourir
il est des pays à l'horlogerie bien huilée le coucou sort à l'heure et rentre dans sa boite
il est peu de pays où le vent
seul les vagues et les songes les oiseaux
accompagnent les petits et ceux qui sont devenus vieux
l'à venir dans la main
hasard
un jet de dés
ne suffit pour l'abolir
où êtes vous
marc de café boules de cristal
bohémiennes diseuses de bonne aventure
ne dites à personne où se perd votre roulotte
ma main dans le creux de votre main
nous serons absents longtemps
nuages gris nuages roses
étranges brumes et gentils moutons
aucune longue vue ne pourra percer les nuages
le bonheur ne sera jamais dans les ordinateurs
de tous les pires commandeurs
la liberté est une lueur
invincible
Pour ne plus avoir peur du passé du présent et de l'avenir
quittez votre montre !
Etes vous prêts ?
un bréviaire ! Merci !
· Il y a presque 4 ans ·Susanne Derève
Nous avons des habitudes, mais je l'utilise moins qu'avant l'ordi. Tout nouveau, tout beau !
· Il y a presque 4 ans ·Louve
Regarder, écouter la nature, je l'ai toujours fait sans me priver pour autant d'un peu de confort, la chaleur d'un radiateur par exemple. Petite, j'ai eu si froid dans cette chambre sans chauffage avec juste une brique enveloppée de papier journal, pour avoir un semblant de chaleur aux pieds avant de m'endormir. Et c'était tellement difficile, en plein hiver, de se lever le matin.
· Il y a presque 4 ans ·Mais tu as raison, nous avons besoin des ordinateurs, mais ils ne font pas notre bonheur.
Je mets très rarement une montre, sauf si j'ai un RV.
Très beau texte !
Louve
Merci ; mais je crois bien qu'il va falloir se passer de toute cette électronique , si peu favorable au fonctionnement démocratique...Comme le fait remarquer AB (ci dessous), serons nous capables d'être autonomes ?
· Il y a presque 4 ans ·Gabriel Meunier
Vivre comme les hommes des cavernes ? Je pense que nous sommes trop couillons pour y parvenir.
· Il y a presque 4 ans ·Alain Balussou
tu es plus lucide que moi...A bientôt
· Il y a presque 4 ans ·Gabriel Meunier