Reprendre un texte
aile68
Reprendre un texte là où je l'ai laissé, me cacher derrière des phrases, des mots dont seuls les initiés comprennent les évocations, les références, des mots simples pourtant et mal aisés parfois. Laisser les souvenirs venir à moi, les meilleurs ressemblent à toutes les saisons de la Terre, un arbre en hiver, une journée ensoleillée, un printemps fallacieux où il fait encore froid sous le soleil haut dans le ciel. Je me souviens de la canicule de 1978, j'avais même pas peur de la chaleur, j'aimais sa caresse sur mon dos-nu, ça cuisait comme à la plage, le bruit des vagues en moins. Ils ressemblent aussi à une orange de Noël, une orange imaginaire, belle et bien ronde, brillant sous un sapin artificiel, où est passé l'ange qu'on mettait à la cime? Celui-ci ressemble à une enfance douce comme une petite soeur dans son landau, à une petite musique qu'on écouterait la nuit, avant de s'endormir. Continuer à écrire avant que la musique s'arrête, que mon écriture coule, légère malgré les obstacles, les pierres, les rochers. Séparer le bon grain de l'ivraie, rassembler des bouts de différentes laines pour faire un cache-nez, un bonnet, celui qu'on petit-frère a perdu dans les épais buissons à la sortie de l'école. Quand j'étais petite y avait une écharpe que j'aimais bien, douce et blanche, de la vraie laine celle-là, elle piquait même pas, je l'aimais comme un câlin, les chaudes mains de ma mère. Où sont passées nos affaires d'enfant? Données, usées, rangées dans le bahut familial, celui qui conservait tous les trésors de la famille, on y trouve aujourd'hui les bocaux de sauce tomate de ma mère, ceux pour les pâtes avec du basilic dedans et ceux pour la pizza.
Revenir au premier jour de ma vie, un jour de printemps que je ne saurais définir, ce jour-là on enlevait un étudiant ce qui a conduit à un mai 68 sans précédent. Mais de cet enlèvement on ne parle jamais, je l'ai pourtant appris en cours d'histoire. Dans la vie y a des choses qui passent à la trappe, comme des secrets qu'on veut cacher, des vieux souvenirs qui font mal.
Effectivement, tu as raison sur ces événements qui sont tus, comme des secrets honteux ou explosifs.
· Il y a plus de 3 ans ·Avec le temps, tout se colore différemment, si bien que je me demande parfois ce qui appartient encore à la réalité et ce que ma mémoire a modifié.
Sy Lou
Merci pour ton commentaire, la dernière partie est très intéressante. La mémoire est aussi liée aux émotions, à l'affect. On retient ou on modifie des souvenirs, des événements selon ces derniers, et nos souhaits plus ou moins inconscients.
· Il y a plus de 3 ans ·aile68
C'est vrai. Parfois, lorsque l'émotion est trop violente, il arrive au contraire que le cerveau censure l'information et alors, on l'oublie, elle s'efface.
· Il y a plus de 3 ans ·Sy Lou
Le temps passe et efface parfois certaines couleurs mais des nuances subsistent toujours :o)
· Il y a plus de 3 ans ·daniel-m
Les nuances révèlent la subtilité de la vie et j'aime ça.
· Il y a plus de 3 ans ·aile68
Beethoven n'avait même pas des acouphènes pour combler le silence de sa surdité :(
· Il y a plus de 3 ans ·Edgar Allan Popol
Les acouphènes c'est comme une fanfare dans la tête, je doute qu'il aurait apprécié. :o) Merci d'apprécier ce texte.
· Il y a plus de 3 ans ·aile68
Je sais, j'en ai. Et les miens jouent faux :)
· Il y a plus de 3 ans ·Edgar Allan Popol
:o)
· Il y a plus de 3 ans ·aile68
La plage sans le bruit des vagues et ceux des mouettes, est-ce vraiment la plage ? :o))
· Il y a plus de 3 ans ·Hervé Lénervé
That is the question. :o)
· Il y a plus de 3 ans ·aile68
Absolutely ! :o))
· Il y a plus de 3 ans ·Hervé Lénervé