Ressaisis-toi, Emy

compteclos

C'était souvent comme ça de toute façon. Les filles biens se mettent avec des connards et les connasses font cocu des mecs biens. À croire qu'ici, on avait pas le choix. Des cases prédéfinies, des étiquettes collées sur chacun de nos fronts. Alors, je lâcha ma bouteille vide, elle s'écrasa par terre dans un fracas assourdissement.


«  Merde, elle était en verre la pute. »


J'me leva, attrapa une culotte, histoire de pas rester nue.

J'faisais partie de ces filles faciles, ces filles qui ne vous veulent que pour une nuit pour assouvir leurs pulsions sexuelles. Mais vous êtes souvent des mauvais coups.

Les femmes savent mieux s'y prendre.


J'allumais une cigarette, j'éteignis la télé qui ne savait que déblatérer des conneries. La télé ne me servait que de bruit de fond, mais souvent, elle parlait trop et ça cognait dans ma tête.


Je regardais ma clope se consummer, comme j'avais consummé ma vie durant des années. Le sexe, la drogue. Je n'avais su faire que ça.


J'étais qu'une pauvre femme ratée qui avait passé sa vie à chercher un bonheur auquel elle ne croyait même pas.


J'étais Emy, rien de plus qu'un vulgaire prénom, qu'une vulgaire abjuration d'un Dieu naïf et pervers. M'ayant seulement créée pour servir de vide couilles et d'overdose.


Mais, ça allait changer, j'allais me prendre en main. J'allais apprendre à faire la cuisine,j'allais cesser de prendre des douches de 30 minutes et de gaspiller l'eau, j'allais laver mon linge sale, j'allais arrêter de me droguer, j'allais supprimer l'alcool de mon quotidien, je ferai l'amour ; je ne baiserai plus. J'allais couper mes cheveux, j'allais arrêter de me maquiller à outrance, j'allais m'habiller convenablement et pas comme une nana faisant le tapin, j'allais me trouver un travail et arrêter de pomper l'argent de maman. J'allais devenir quelqu'un de respectable.


Enfin, c'est ce que je voulais me faire croire..
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