"Reste libre !"

Tu as toujours su glisser certains mots, subtilement pensés, sur mes cartes de Noel et d'anniversaire. Je pensais les comprendre à leur première lecture, mais tu sais tatie, je crois que je saisis leur sens maintenant, seulement. Est-ce trop tard ou bien trop tôt ?
J'ai regardé le ciel sur le chemin du retour. Je m'y suis plongée. Comme avant, comme toujours. Car ces derniers jours, je crois que c'est la seule chose qu'il me reste de rassurant, de compatissant, de présent. Quitte à me perdre, je préfère me laisser absorber par ce bleu imprévisible parsemé de nuages et de couleurs, que par mes pensées.
Parce que je ne sais plus trop sur quel pied danser, tatie. Ni même à quelle porte frapper. On me ferme certaines d'entre elles peu à peu. Puis, je crois même que je déçois papa ... et il n'y a rien de pire que de baisser dans son estime.
Mais, je suffoque, j'étouffe. Je voudrais partir, tu sais. J'ai un peu trop joué avec les illusions, j'y ai parfois un peu trop cru pour (qu'on me laisse) tomber de haut ... à nouveau. Naïve, hein ? Mais ... j'ouvre souvent trop les yeux, je « vois » trop au point d'en être parfois bêtement aveuglée.  

Tu sais ce que je voudrais là, tout de suite ? Une chose que j'ai souvent donné aux autres, sincèrement. Juste quelques mots qui puissent m'apaiser, me tenir compagnie. Mais, ces derniers jours, personne ne me les offre ces mots-là. Alors je repense à ta lettre dans laquelle tu avais répondu à la seule et ultime fois où je m'étais un peu confiée. Et tu avais conclus avec ces derniers mots : « Reste libre ! » (même si on ne l'est jamais réellement).
Et je crois que ce soir et les jours à venir, je vais m'en contenter. Seulement, silencieusement, librement.