Retour à l'Atlantide

Christian Lemoine

De ce côté-ci du mur, des futaies séculaires, des branches anoblies, des ramures ignorées mais jamais sans mémoire ; et d'autres branches, au carrefour des troncs impérieux dressés sans obligation de bienfaisance, et généreux malgré tout. A leurs croisements incertains, si l'un quelconque de ces passereaux s'immobilise en bourgeon soyeux, on y entreverrait tous les fourmillements des écorces habitées. Et là, où des surgeons prospectent d'autres générations, foule et foule hétéroclite, qu'un courson gorgé défierait.

N'y pas voir, dans les naissances éphémères, ces vestiges lancinants qu'aucune ordalie n'absoudrait, et cependant en cueillir à chaque fois le chrême des cérémonies sylvestres. De ce côté-ci du mur, brouillant les pistes du dedans et du dehors.

Puis, de ce côté-là du mur ; où les vacarmes des villes dessouchent les soubassements, ébranlent les fondations chancelantes, tellement plus vulnérables que ce rameau malingre fléchi sous une brise à peine perceptible. Ici, échapper à la déplétion des liens par le détournement des voies, par les chemins détournés, les venelles délaissées derrière les maisons, les sentes avilies à l'arrière des jardins, encombrées de trop d'oubli. Ainsi, las des rives des continents tuméfiés, la réminiscence du layon épierré qui réveille l'Atlantide.

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