Rève et idéal

Dominique Capo

poème onirique

Tu es un rêve de jadis, tu es un songe d'autrefois. Tu es belle comme le jour, tu es séduisante comme la nuit.

Tu es à la fois cette Aurore et ce Crépuscule d'un Age d'Or qui me foudroie continuellement. Tu es cette Déesse aux pieds de laquelle je me prosterne humblement. Car tant de beauté, tant de charme, ne peuvent provenir que d'une divinité dont chacun a le devoir d'honorer de maints présents. Tant de séduction, tant de lumière sombre méritent respect et dévotion. Puisque tu en es l'incarnation.

Et moi qui ne suis qu'un modeste représentant de cette humanité à laquelle tu n'appartiens que pour celle-ci t'élève des temples d'or et d'argent ; je ne peux que pleurer des larmes de sang pour exprimer ce que tu symbolise au regard d'une créature indigne a te côtoyer. Tu es tout, je ne suis rien. Tu es un ange, je suis un damné de la Terre. Mille fois bénie, tu l'es certainement ; mille fois maudit, je le suis assurément.

Je me déchirerai l'âme pour ne pas être cet infâme qui ne représente rien pour toi. Je me morcellerai le cœur pour avoir le privilège de plonger mon regard dans l'océan de tes yeux de braise. Je me lacérerai le corps, je l'offrirai volontiers au plus avide de démons en scellant un pacte noir, afin de chanter tes louanges. En vain, évidemment.

Alors, puisque rien de tout cela n'est possible, puisque la lumière que tu incarne est lointaine, et s'efface imperceptiblement, permet moi de te dédier ces quelques vers. Tels un bref courant d'air, ils vont voguer jusqu'à toi fugitivement. Puis, ils vont s'évaporer brusquement. Lorsque tout à l'heure, ce qui appartiens à ta réalité reprendra ses droits. Néanmoins, ils auront eu le mérite d'être là. Ils m'auront donné l'occasion d'accomplir quelque chose - d'infime, il est vrai - pour toi : saluer pour jamais la grâce et la beauté, le charme et la majesté, dont tu es la sublime incarnation...

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