Rien à foot...
Jean Claude Blanc
Rien à foot…
Ce soir la ville est en fête
Le stade rempli de ses vedettes
Qui s'enrichissent avec leurs pieds
Sortes de génies écervelés
Au ballon rond ils courent après
Tout le populo est là présent
On appelle esprit d'équipe
Un seul esprit c'est suffisant
Pourvu que les fans participent
A ce ridicule jeu de fainéants
Chacun défend son propre fanion
Même qu'entre eux se tirent des gnons
Car il en faut de ces supporters
Qui se les gèlent durant l'hiver
Pour jouer à la guéguerre
1heure30 de frissons
15 minutes de récréation
Le temps de se boire des canons
C'est reparti, remonter au front
Rectangle vert de lumières
Cerné de grilles, de CRS
Pour éviter les jets de pierres
De ces foldingues qui se détestent
Un but refusé, sert de prétexte
On retrouve là la populace
Au rouge pif, qui se délasse
Se ferait tuer juste pour gagner
Un match truqué, mal arbitré
Les plus fêlés confectionnent
Des tas de slogans, qu'ils entonnent
Avec ferveur, bras en avant
Genre Marseillaise en plus sanglant
Y'a les ultras, « les greens Angels »
Même pas d'accord, se tapent sur la gueule
A bel avenir la réaction
Tous vont voter aux élections
Pour Marine, sans condition
Etant branleurs pour la plupart
Le samedi soir prennent leur foulard
Comme des hordes de barbares
Blancs et bronzés, même étendard
Dans le même camp, comme c'est bizarre…
C'est capital se rassembler
Pour l'adversaire le huer
Considéré comme étranger
Comme par hasard, tout bon français…
Dans les gradins sont des milliers
Brandir haut leurs bannières
Même que parfois ça dégénère
Beyrouth en flamme, pétards, fusées
« Allez les bleus », cette fois, miracle
Les policiers sortent leur matraque
Que de louanges pour ces manchots
Devenus stars et plein aux AS
Comme quoi suffit d'être costaud
Et le cerveau dans les godasses
Pour passer pour des héros
On en redemande de ces veinards
Tellement frustrés de leurs victoires
On prend une part de leur gloire
Lorsqu'au turbin on broie du noir
Mieux vaut pas connaitre leur budget
Serait faire honte aux smicards
On n'en doute pas, sont bien payés
Par les émirs du Qatar
Pauvres péquins, les abonnés
Doivent débourser avant d'entrer
Fouillés au corps, en cas de danger
Drôle de spectacle leur est offert
Que des morveux qui se roulent par terre
Clubs sportifs professionnels
Se font du fric à la pelle
Mais sur le dos de leurs idoles
Cotés en bourse pour leurs guiboles
Tout ça le public, rien à foot…
Pourvu qu'enfin soulève la coupe
Tout ce qui compte, mener au score
Même les tricheurs n'ont jamais tort
Les plus coupables dans cette affaire
Ce ne sont pas les supporters
Mais ceux qui gèrent le pognon
Remplir les caisses tout bénéfice
Alors consentent feux d'artifice
La foule raffole de ses champions
Même cousus d'or, les applaudissent
Ainsi se gave l'opinion JC Blanc mars 2017 (le foot pro mais pas très propre)