Riton

Hervé Lénervé

Dans un café mal famé de Pigalle.

C'est toi, Riton, gnons à foison ?

- Qui le demande ?

- Ça te dirait de te faire un peu de fric ?

- Combien ?

- Cinquante euros !

- Ah non, j'ai arrêté ! Je ne tue plus personne. Trop d'emmerdes avec le dernier, ils avaient oublié de me dire qu'il était député, l'arsouille.

- Je t'assure que ce n'est pas un député. De toute façon, il ne faut pas tuer, juste un peu chahuter.

- Ouais, ça peut se faire alors, mais c'est dommage, s'il n'est pas député. Car même quand on chahute au chalumeau, on ne peut jamais savoir si le message est bien passé.

- Si, si, je le connais, il comprend vite. Il est très lâche, il a refusé de m'ouvrir sa porte, alors que je ne savais même pas qu'il fréquentait assidument ma femme. C'est pour dire.

- Et pourquoi tu n'le chatouilles pas toi-même.

- Pour que la police ne trouve aucun lien avec moi et parce que je suis encore plus lâche que lui.

- T'as une photo ?

- Oui ! C'est lui, là.

- Quoi lui, la baraque en kimono avec la ceinture noire ?

- Faut pas se laisser abuser par l'uniforme, c'est un mou. Attend, j'ai une autre photo de lui quand il faisait de la dance classique.

- Ah, ils font la danse sur un ring de catch, maintenant.

- L'Opéra était en travaux.

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