Rone, à La Belle Électrique
Alice Grenon
J'avais réussi à choper l'album “Creatures” de Rone un peu en avance, je l'avais écouté une ou deux fois sans savoir quoi en penser.
Et puis il y a eu le live.
J'y allais à tâtons, au vu de ce long format en demi-teinte, très expérimental, j'avais peur de ne pas retrouver sur scène le Rone dont les titres m'avaient tant transportée, celui de “Spanish Breakfast” et “Tohu-Bohu”, en somme.
Mais j'ai été détrompée dès les premières notes. La musique était profonde et résonnait dans les moindres recoins, nous englobant tous au passage.
Loin de se concentrer uniquement sur ses créations les plus fraiches, Erwann Castex les mélange toutes ensemble, les alterne, les fait se chevaucher, met le vocal de l'un sur la base rythmique de l'autre tel un savant fou qui, après en avoir cultivé les ingrédients, prépare une miraculeuse mixture.
C'est en fait entouré de ses deux frères que ce nouvel album prend tout son sens. Les tracks de l'un et de l'autre s'emboitent efficacement, et il en résulte un ensemble - si l'on peut dire - logique et surtout très équilibré.
Quant à l'ambiance créée par cette musique éthérée, capable d'emporter tout un public bien au-dessus des sentiments communs, sa description donne bien du fil à retordre. L'artiste se sert du son (heureusement !) mais aussi d'une scénographie puissante. Exploitant de nombreuses possibilités lumineuses, mais n'oubliant pas non plus la vidéo - sur laquelle évoluent les petites créatures emblématiques de son nouvel album - Rone nous perd dans son étrange monde. Et si cette alternance lumière / vidéo peut paraître un peu brouillonne sur le moment, c'est un détail qui passe inaperçu.
On ressort de ce live avec le sentiment que Rone ne crée des albums que dans le but d'améliorer sa prestation scénique globale pour en faire une œuvre à part entière.
Mais ça, lui seul le sait.