Rose a oublié

nat28

Concours WeLoveWords / Télé Loisirs

STRUCTURE :

Tome 1 : « Rose a oublié »

Rose, une jeune femme de 38 ans, se réveille avec un mal de crâne qui lui fait penser que la soirée de la veille a été trop arrosée. Elle a en fait été droguée et Théo, son fils de 15 ans, a disparu. Le problème, c'est que Rose n'a aucun souvenir de son fils, et que l'enquête de la Police ne mène à rien, si ce n'est à la soupçonner d'avoir éliminé son propre enfant. Alors que la mémoire lui revient peu à peu, Rose cherche à élucider le mystère, jusqu'au jour où Théo réapparaît, sain et sauf, mais étrangement silencieux.   

L'histoire est racontée à la première personne par Rose.

Le récit en 20 épisodes se déroule sur une quinzaine de jours.

Tome 2 : « Théo ne veut pas se souvenir »

Théo a quitté l'appartement de sa mère pour rejoindre son père, que Rose avait quitté 15 ans auparavant du fait de ses activités mafieuses. Le jeune homme rêve d'une vie palpitante et luxueuse. Théo croit que sa mère a été droguée pour oublier son existence et qu'il va pouvoir vivre avec son père. L'adolescent a assisté à la transformation de l'appartement de sa mère, et il fait confiance à son géniteur. Cependant, Théo découvre que le produit administré à sa mère avait pour but de la tuer, et il cherche à échapper à son père et à ses hommes pour retrouver Rose et sa vie d'avant.   

L'histoire est racontée à la première personne par Théo.

Le récit en 20 épisodes suit la chronologie de celui de Rose.

  

Concernant la bible de personnages… je n'en ai jamais fait et je ne sais pas en faire, je laisse les protagonistes de mes histoires évoluer comme bon leur semble…

 

ROSE  A  OUBLIE

CHAPITRE 1

Je suis réveillée par une lumière violente qui filtre à travers les doubles rideaux mal fermés de mon salon. J'ai un mal de tête carabiné et le fait que j'ai dormi pliée en deux sur mon canapé (toute habillée de surcroît) indique que je n'étais pas dans mon état normal hier soir. Je ramasse un coussin tombé au sol puis j'étire précautionneusement chaque muscle de mon corps. Je constate avec amertume que la plupart d'entre eux sont ankylosés et peu enclin à bouger.

J'ai dû passer une sacrée soirée mais impossible de m'en souvenir… C'est rare mais ce n'est malheureusement pas la première fois que cela m'arrive. Je deviens juste un peu trop vieille pour me réveiller comme une fleur le lendemain matin.

En tout cas, si fête il y a eu, cela ne s'est sûrement pas passé ici, car mon trois pièces est impeccable (ou alors j'ai invité des gens extrêmement polis qui ont tout bien rangé avant de partir et même fait un brin de ménage). Il n'y a pas une miette sur le tapis du salon, ni aucune trace de verre sur la table basse. Je jette un coup d'œil dans la salle de bain, qui semble briller comme au premier jour, dans ma chambre, où le lit est fait, dans le bureau, où mes dossiers sont impeccablement alignés, et enfin dans la cuisine, où je trouve un peu de vaisselle sale dans l'évier. Trois fois rien : une assiette, une fourchette, et un verre. J'ai dû me réchauffer un plat préparé avant de sortir hier, mais impossible de vérifier, la poubelle est vide. Je m'occuperai de laver tout ça plus tard, pour l'instant, ce qu'il me faut, c'est une aspirine. J'en récupère une dans le placard au dessus de l'évier (qui me semble étrangement vide) et je l'avale avec un grand verre d'eau du robinet (je suis trop fatiguée pour aller chercher la bouteille d'eau minérale dans le réfrigérateur). En posant mon verre sur la pile de vaisselle sale dans l'évier, il me vient une pensée saugrenue.

Depuis quand ai-je un bureau dans cet appartement ?

La question peut sembler bizarre, mais, premièrement, je suis mal réveillée, et deuxièmement, mon cerveau bloque réellement sur cet état de fait. J'ai le vague souvenir d'avoir feuilleté des catalogues d'ameublement et des magazines de décoration en rêvant d'un joli bureau, lumineux et ordonné, mais, étrangement, quand je pense « bureau », je n'ai que l'image d'un petit meuble informatique mal fichu posé dans un coin du salon en tête. 

Je retourne dans la pièce à vivre pour en avoir le cœur net : tout semble en ordre, et il n'y a pas le moindre guéridon de guingois à l'horizon. Dans l'angle théoriquement occupé par mon « bureau » se trouve un ficus d'un mètre de haut.

Ça aussi c'est étrange, car je n'ai jamais eu la main verte et toutes les plantes d'intérieur que l'on m'a offertes n'ont jamais tenu plus de trois mois ici. Est-ce que quelqu'un m'aurait donné cet arbre domestiqué récemment ? Ou alors je l'ai peut-être en garde, pour rendre service à un ami ou à un voisin, ce qui n'est pas un choix très judicieux du fait de mon incompétence notoire en matière de soins envers les végétaux.

Pour en avoir le cœur net, je refais un tour dans la pièce servant de bureau. Des murs grèges, des voilages blancs tout simples, une reproduction d'une estampe d'Hokusai au mur, un tapis en coton aux motifs modernes au sol, une colonne de tiroirs peints de dix couleurs différentes, une planche en bois brut posée sur deux tréteaux en métal, un ordinateur portable dernière génération, une imprimante WIFI et une jolie pile de dossiers bien rangés dans des chemises cartonnées : pas de doute, c'est le bureau de mes rêves.

A quel moment ce rêve est devenu réalité ?

J'étais un peu stressée au cabinet d'architecture ces derniers temps, mais de là à en oublier que je m'étais aménagé une pièce lumineuse et agréable pour travailler à la maison… J'ai vraiment besoin de vacances. Ou d'un bilan de santé. Je me demande à quel âge peut se déclarer un Alzheimer précoce. Après tout, je viens de fêter mes 38 ans.

Et si c'était un cadeau d'anniversaire de mes parents ? Ca peut paraître complètement fou, mais pour mes 14 ans, ils avaient intégralement modifié la décoration de ma chambre d'enfant. Ils avaient profité de mon absence pour cause de soirée pyjama chez une copine de collège pour retapisser les murs et remplacer les meubles. Le papier peint vert pâle et la frise de petits lapins avaient été remplacés par une tapisserie blanche à motifs géométriques, et les meubles récupérés chez ma grand-mère avait disparu au profit d'un lit et d'un bureau moderne. J'ai dû parler de mon projet de transformation de la pièce en bureau à ma mère, et mon père a dû faire les travaux. D'ailleurs, il flotte encore une légère odeur de solvant de peinture dans l'air, le réaménagement doit être récent.

Combien de temps exactement ai-je passé dans un état second ? Je n'ai pas spécialement faim ni l'impression d'avoir dormi plus de 12 heures, cependant, il est urgent d'enquêter à ce sujet.

Première étape : mes vêtements. Etant donné que j'ai dormi dedans et qu'il est peu probable que je me sois changée avant de m'écrouler sur le canapé, ce que j'ai sur le dos constitue un indice primordial. Alors… une paire de collants noirs (pas étonnant, j'en porte tous les jours pour aller au travail), une jupe au genou rouge (que je mets souvent pour sortir le vendredi soir) à peine froissée (je n'ai pas dû faire de folies de mon corps), un chemisier en lin du même coloris (une association classique), et une paire d'escarpins en cuir (qui eux traînent dans le couloir).

Visiblement, je me suis un peu habillée, mais pas trop (j'aurais mis une robe pour un événement plus formel) pour ma virée de la veille. Une sortie entre copines sans doute.

Enfin, quand je dis « virée de la veille »… je ne suis même pas certaine de pouvoir donner avec certitude la date d'aujourd'hui. A priori, nous sommes samedi. Je vérifie cette hypothèse en allumant mon ordinateur, qui semble n'avoir jamais servi (il n'y a pas un grain de poussière sur le clavier, ni aucune trace de doigt sur l'écran) et je constate avec soulagement que nous sommes bien samedi. Cela veut dire que je n'ai été inconsciente qu'une seule nuit (ce qui est bien suffisant), et que je n'ai pas manqué une journée de travail.

Car il est déjà 14h30. Je n'ai pas dû me lever aussi tard depuis mon adolescence.

N'ayant toujours pas faim, et n'ayant surtout pas l'envie d'aller me faire à manger, je poursuis mes investigations sur Internet. Je ne croule pas sous les followers ni sous les notifications, mais si une soirée entre filles a eu lieu, il y a forcément des photos quelque part. Je vérifie rapidement mon compte et ceux de mes amies, sans rien trouver. Je vais consulter ceux de mes collègues (il y a peut-être eu un pot de départ au cabinet), mais rien non plus de ce côté-là. Je ne tombe que sur les choses habituelles, à savoir des clichés de leurs enfants (pour le clan des parents), des photos retouchées de leur déjeuner (pour le clan des célibataires branchées), et des plaisanteries vaguement douteuses (pour le clan des « j'avais déjà regretté de t'ajouter comme ami 30 secondes après avoir cliqué sur « oui » »). Aucune activité de ma part depuis 2 jours en revanche, ce qui au fond ne m'étonne pas, car je n'ai jamais vraiment été à l'aise avec les réseaux sociaux.

Je n'ai toujours pas la moindre idée de ce qui s'est passé hier soir, en revanche, j'ai un petit creux au niveau de l'estomac.

Je déniche 2 biscuits oubliés dans le fond d'un paquet posé sur le plan de travail de la cuisine et je les grignote en m'attaquant à la source d'information potentielle suivante : mon téléphone portable. Il m'attendait sagement sur la table basse du salon, à côté de mon sac à main à moitié renversé (rien de notable ou d'incongru dans cet accessoire, qui d'ailleurs était celui dont je me sers au quotidien, pas la pochette noire pailletée des grands soirs). Aucun cliché récent dans le dossier photos, aucun message autre que professionnel dans la journée d'hier, et rien sur le répondeur.

Je ne serais quand même pas sortie pour boire seule ? Ce serait vraiment triste pour le coup. Et totalement inexplicable. Ma vie personnelle et ma vie professionnelle me conviennent parfaitement et j'estime avoir une vie sociale suffisamment épanouissante pour ne pas finir mon vendredi soir en tête à tête avec moi-même, au fond d'un bar sordide, à enchaîner les verres d'alcool. 

Décidément, tout cela est bien mystérieux. Et comme mon mal de crâne ne s'est pas arrangé, je n'ai plus envie de me creuser la tête, elle souffre assez comme ça. Je vais plutôt aller prendre une douche et me changer, car une légère odeur de sueur commence à envahir mes narines. 

C'est lavée, coiffée, et vêtue d'une confortable robe d'été en coton blanc cassé que je ressors de la salle de bain une demi-heure plus tard. Ma migraine s'est un peu calmée sous l'effet de l'eau chaude et des Fleurs de Bach dont j'ai trouvé un flacon sur le bord de mon lavabo. Comment cette petite bouteille est arrivée là ? Aucune idée, et je ne suis capable que de gérer un mystère à la fois. Mon estomac se rappelle enfin à mon bon souvenir, et je me motive pour aller le remplir.

Problème : le réfrigérateur est quasiment vide. Et les placards sont à peu près dans le même état. J'ai beau être fatiguée et courbaturée, je refuse de manger des pâtes sans accompagnement, seule perspective culinaire à cet instant. Je dois donc me résoudre à aller faire des courses. Ce qui implique de sortir de chez moi.

Je suis propre et présentable, le plus dur est fait. De plus, une ébauche de liste de courses est coincée sous un magnet sur la porte du réfrigérateur. Il me suffit d'attraper mon porte-monnaie et mon panier et de rendre à la supérette du coin de la rue.

Je peux le faire.    

En sortant de mon appartement, je croise ma voisine, Madame Pelrat, qui prend un air inquiet en m'apercevant. J'espère que ce qui s'est passé hier soir ne l'a dérangé d'aucune manière… Suis-je rentrée à 4 heures du matin en chantant dans les escaliers ? Ou alors accompagnée d'un inconnu ? Si seulement je pouvais me souvenir de ma soirée !

« Alors, Rose, vous avez des nouvelles de Théo ? »

Théo ? Mais qui est Théo ?

CHAPITRE 2

Le mot "incompréhension" doit être écrit en lettres majuscules sur mon visage, tandis que je vois l'angoisse et le doute envahir celui de mon interlocutrice. 

"Théo... Vous savez... Il a disparu depuis 2 jours..."

J'essaye d'empêcher mes sourcils de se froncer encore plus pour ne pas effrayer davantage ma voisine, tout en me retenant de lui demander "Mais de qui vous me parlez ?". Ou de quoi... Théo est peut-être un animal de compagnie ? Les gens donnent des noms si étranges à leurs compagnons à 4 pattes de nos jours...

Si elle me pose la question et si elle a l'air aussi concernée, c'est que ce "Théo" doit être lié à moi. Est-ce que j'ai un chien ou un chat à la maison ? Je ne me rappelle pas de balades nocturnes dans le quartier pour la pause pipi du soir, et je n'ai pas vu de bac à litière dans mon appartement. Et puis si j'avais un animal de compagnie, je m'en souviendrais quand même ! Que faire ? Descendre l'escalier tout en souriant poliment à Madame Pelrat ou prolonger ce moment gênant sur mon palier en espérant glaner des informations supplémentaires sur ce Théo ?

C'est sûrement une personne, ma voisine ne s'affolerait pas autant pour la disparition d'un chat. Elle me regarde de plus en plus bizarrement et la situation devient franchement gênante, je dois agir.

"Théo ! Bien sûr ! Je... le cherche encore !"

Elle n'a pas l'air très convaincue par ma tirade, mais comme je n'ai pas l'intention de m'éterniser là (j'ai toujours faim), je file dans l'escalier et je descends rapidement les 3 étages qui me séparent de la porte de l'immeuble pour éviter d'autres questions de la part de ma voisine.

Je pousse le lourd battant en bois et je respire l'air frais de la rue pour tenter d'éradiquer totalement mon mal de crâne. Je fais quelques pas vers un banc sur lequel je m'assois quelques instants, affaiblie par mon hypoglycémie et intriguée par l'attitude de Madame Pelrat.

Théo... Ce prénom est-il un début de piste pour comprendre ce qui m'est arrivé hier soir ? Je sors mon portable de mon panier et je commence par relire les derniers messages que j'ai reçus. Aucun n'est signé par un quelconque Théo... Le répertoire sera peut-être plus bavard. Je le parcoure de A à Z, 2 fois, sans trouver aucun Théo, ni de Théophile ou de Théodule, ou encore de Tété... "Théo" ça sonne plutôt jeune, ce n'est sûrement ni un collègue ni un ami. Encore moins un membre de ma famille, je me souviens du patronyme et de la tête de chacun d'entre eux. Un stagiaire alors ?

Mes temps se remettent à me faire souffrir et mon estomac se manifeste lui aussi. Je quitte mon banc et je traverse la rue jusqu'à la supérette, où je salue la caissière avant de me diriger vers le rayon des fruits et légumes, histoire de me donner bonne conscience avant de faire une razzia dans le corner dédié aux chips. Je réunis la monnaie nécessaire à mes achats dans la file de clients qui me précèdent à la caisse, ce qui me permets de payer rapidement et de ressortir dans la rue. Les néons et la musique stridente ne sont pas conseillés dans mon état. J'hésite à retrouver mon banc pour attaquer mes chips, mais je me force à rentrer chez moi pour manger.

Même avec une tête affreuse et un déficit de sommeil flagrant, je me dois de préserver ma dignité.

Je tombe nez à nez avec 2 policiers devant la porte de mon immeuble, et je suis certaine qu'il n'était pas là lorsque je suis sortie il y a à peine 5 minutes.          

 Rose est conduite au commissariat pour y être interrogée. On lui pose des questions sur Théo, sans qu'elle puisse y répondre, et le policier finit par lui dire que Théo est son fils. 


CHAPITRE 3 

Rose est confrontée aux médias et à plusieurs membres de sa famille qui pensent la réconforter mais qui ne font qu'accroître son malaise, car la jeune femme ne sait toujours pas qui est Théo et elle ne veut pas croire qu'elle ait un fils qu'elle a oublié.  

  • Bonjour,
    N'ayant pas dut out respecter les contraintes du concours, je passe le texte en public ! S'ils vous plait, à vous, lecteurs, faites-le moi savoir, ça me motivera pour m'y remettre !

    · Il y a plus de 7 ans ·
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    nat28

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