Routier sympa

Jean Claude Blanc

on les ignore mais taillent la route sans cesse ces camionneurs, mal payés pour nous livrer ce fret victuailles à domicile gâtés que nous sommes...

                    Routier sympa

Le camionneur est au volant

Ce qu'est l'amour aux sentiments

Sur son fauteuil, haut perché

Surplombe toute la chaussée

 

Préfère être seul, pénard, en paix

Dans son cockpit, bien agencé

Doit y passer toutes ses journées

Même ses nuits, pour roupiller

 

Compteur plombé, à 90

Est dépassé par les touristes

Pressés d'aller, rejoindre la mer

Pendant que lui, traine ses galères

 

Chronométré, vaille que vaille

Pour délivrer ses victuailles

Si ça bouchonne, alors se pense

Faut prendre son mal en patience

 

En voit de toutes les couleurs

Des accidents, et des malheurs

Belles gonzesses, au joli cœur

Se divertissent ses humeurs

 

Dans son bahut, il impressionne

On n'ose à peine, le claxonner

Appels de phare, par amitié

Quand il croise, un autre 10 tonnes

 

Toute la semaine, sur les routes

Routier sympa, est éreinté

Destination, ses usagers

Plein d'énergie, le gros mammouth

 

Pas vraiment seul, y'a la radio

On correspond par le micro

Tous solidaires, quand y'a les flics

On se prévient, mais faut faire vite

 

Indispensable permis de conduire

Perdre des points, on voit le pire

Son gagne-pain peut en souffrir

A une famille à nourrir

 

Y'a des chauffards, des types bourrés

Qui zigzaguent sans sourciller

Les inconscients, ivres de folies 

Prennent l'asphalte, pour un circuit

Pauvre routier, doit tout prévoir

Anticiper les traquenards

Car les foutraques, sont légion

Tellement avides d'émotions

 

Parfois se laisse emporter

Par ses chimères de voyager

S'évaporer, à l'horizon

Que son camion, pour compagnon

 

Les pointillés, faut pas franchir

Prendre le couloir des omnibus

Quand il faut chaud, pas s'assoupir

Tous ces croisements, sont des rébus

 

Quand un barbu, pousse pointé

Le sac au dos, dans le fossé

Il se l'embarque, pour papoter

Préférerait une demoiselle

Pour satisfaire ses prunelles

 

Disque cafteur, inquisiteur

Régulièrement, grave les heures

Quand c'est assez, y'a des motels

Casse la croûte, à la Vittel

 

A la portière, est accoudé

Le torse nu, gueule burinée

Est grassouillet, pas de bouffer

Trop piloter, crée des bourrelets

 

Ainsi, il roule, le commerce

Faut se hâter, car çà presse

Le transporteur, est partagé

Foncer trop vite, se faire choper

Prendre du retard, être engueulé

 

Ça dure qu'un temps, de camionner

Car à la longue, on perd réflexes

Que des histoires, à raconter

Pour rigoler, quel beau prétexte

 

Ne suis routard, que par l'esprit

J'ai le frisson, de l'infini

Courir le monde, il faut oser

Moi je préfère, l'imaginer

 

Tchao l'Ami, fais bonne route

Je t'accompagne, par la pensée

Suis planté là, et ça me coûte

A ma façon, aventurier  JC Blanc octobre 2022  (hommage à Steinbeck pour son œuvre les raisins de la colère)

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