Seins Gorges ceintes Saintes gorges Seins gorgés de sucre d'orge Seins gonflés qui se rengorgent Saints priant les soutien-gorge Derniers remparts de la chair Sanctuaire de prosélytes Dont nuls ne s'échappent Prison des frissons Refuge et maintien pour la forme Masques sans yeux pour sourds-muets intarissables Instruments interdits pour musiques interdites Fruits seins de nos illusions Les premières gouttes de lait goûterons ici Là, le secret trouve asile même tombé en disgrâce Exposées vulnérables Ces formes jamais définitives Sont gardées comme dans une armoire Remplie de cotons et de voiles Embaumées d'odeurs de femmes Toute la sphéricité du monde Concentrée dans ces creusets Indubitable réalité matérielle Et miroirs fantasmatiques Qu'elles exhibent à la manière des médailles Mais de celles qu'on mérite Pour toujours tendres doux apaisants Aperçus entre deux boutons déjà trop serrés Dans un soutien encore adolescent Ou nus cachés derrière un pull bleu en cachemire Ou un T-shirt presque transparent Tremblants légèrement Pointés vers un ciel ombrageux Vers des mains invisibles On les devine si bien qu'on les voit Qu'on les touche de loin Et quand ce n'est plus l'été Si cachés si enclos si enfouis Qu'il faut du courage ou de l'imagination On devine des frissons on devine des désirs On ne comprend pas Figure de prouesse fendant les regards On s'écarte d'eux avec douceur Comme on le fait pour des somnambules Ils sont la réalité éternelle et enviée De nos différences Certains sont pleins de vie et de douleur D'autres pleins de larmes et de passion Sautillants malléables imprévus Rarement domestiqués ou « siliclonés » Car ils perdraient leur nature même L'ombre de loin la plus profonde Se trouve au cœur des décolletés Elle marque la frontière avec elles La blancheur de certains éblouit Et la nuit comme la lune ils se voient de loin Ils tombent aussi avec aisance Quand elles se penchent pour ramasser D'autres fruits tombés à terre Soupirants entre eux dans une trouble émotion Surtout s'ils sont honnêtes Se soulevant et s'attirant aux très aimants Ils s'amollissent comme la cire Aux heures ardentes du soleil Mais rien n'est plus sincère que ceux des baigneuses Quand ils frémissent leurs rondeurs s'arrondissent Quand la réalité les dépasse ils redeviennent eux-mêmes Neutres et indifférents apaisant même les plus durs Célestes et primordiaux Leur raison première est l'émotion Leur seconde l'opposition L'ultime l'union Provoquant l'étonnement émerveillé Des garçons mais surtout des fillettes Naturalité palpitante de la jeunesse Idéale fermeté immatérielle imaginée jusqu'au délire Toujours en apesanteur Partagés et multiples Pièces détachées de toute pudeur débordante Démonstration de l'évidence et de l'éclat de l'éphémère Sublimation du volume et de l'intervalle parfait Proéminents à l'abordage mais sans rancœur Nous ne les verrons plus quand nous serons morts Les squelettes n'en ont pas Il ne faut donc jamais baisser les yeux devant eux Même s'ils semblent inaccessibles et brûlants Sinon on rend gorge Et tout au bout On devient flou
merveilleuse écriture ;comme toujours ; c'est le plus bel hommage jamais écrit me semble t il.
· Il y a plus de 6 ans ·Soyez remercié de les aimer aussi tendrement.
li-belle-lule
Tendrement, passionnément, douloureusement, irrémédiablement! Et c'est devant eux qu'on se réjouit d'avoir deux yeux et deux mains !
· Il y a plus de 6 ans ·menestrel75
C'est très beau, vraiment... Il n'y a que ton talent et ta passion de ces objets de désir qui peuvent te dicter de si beaux vers.
· Il y a plus de 6 ans ·Sy Lou
Merci chère Sy Lou, regarde les votres et réjouissez vous !
· Il y a plus de 6 ans ·menestrel75
C'est très beau, un bel hommage à cette jolie parure !
· Il y a plus de 6 ans ·Louve
L'hommage de l'homme à la femme
· Il y a plus de 6 ans ·menestrel75