Sang
franekbalboa
Chaque geste me coûte. Il y a des périodes comme ça. Rien n'est simple, même respirer. Il est temps de se battre pour avancer. Depuis quelques temps je stagne, je n'ai l'envie de rien. Parfois c'est même une nécessité qui explose, évidemment, j'ai besoin de ce néant. J'ai besoin de partir de rien pour reconstruire un tout. J'ai besoin de nouveauté, surtout. J'ai cette usure de moi, ce ras-le-bol.
Seul j'entretiens certaines illusions, notamment auprès de mes proches. L'illusion que tout va bien, je sais parfaitement comment jouer, jouer avec les mots, ou même sur le théâtre de la Vie. Rien que cela me demande une grande force. Ne rien laisser paraître, ne rien laisser filer, rester droit, souriant, les rassurer. J'attends le retour dans mon antre, cette tanière où les murs se recouvrent de sang. Soyez tranquilles, c'est simplement le mien, celui qui coule quand je ne vais pas bien.
Fini les niaiseries et le semblant, fini le masque, la carrure droite ... Je m'effondre comme un enfant, les mains tremblantes, ensanglantées, c'est bien le mien qui coule le long de ces doigts agités, incapables de se calmer. Je n'arrive à rien, je suis au sol. Ce sang qui coule est comme de la lave qui sortirait d'un volcan, sauf que ce volcan là n'arriverait pas à exploser, alors que c'est ce qu'attend l'immensité.
Ils veulent de la colère, des brûlures, du sang, de la poudre, je ne leur donnerai pas, autant que je peux tenir. Les lames continuent de me blesser alors que je me lève, je regarde faiblement autour de moi. J'ai encore froid, malgré ce sang chaud. J'ai toujours cette colère qui gronde tout au fond. Je ne sais quand elle explosera, je suis en revanche certain que ça fera beaucoup de dégâts. Je reste dans mon enclos, dans ma grotte de pestiféré, je ne voudrais pas les contaminer...
"Je n'entendais que les coups de mon sang qui bourdonnait à mes oreilles. " Camus L' Etranger 1942
· Il y a environ 6 ans ·anna-c