Scénar

Hervé Lénervé

Dans l’écriture d’un scénario à plusieurs mains, on serait tenté de croire, qu’a priori, cela devrait aller plus vite. Ben, non, c’est ben plus long !

- Là, tu vois, je trouve la réplique de Gaston, un peu caricaturale. Quand le vicomte dé Catjedi, l'invite à prendre une collation liquide, selon ses mots : « Entrez donc, mon cher, prendre un dring. » Il répond : « Un tchiot gorgeon, mon gars, ça s'refuse pas ! »

- Oui, mais non ! Car, il représente la ruralité profonde se redressant contre la condescendance aristobourgeoise qui opprime la petite paysannerie agricole des jardins.

- Oui, c'est bien pour la révolution des masses laboureuses. Mais là, on est dans une Série B, genre « Nos amis les bêtes et les idiots. » Fortement représenté par le monde rural, je ne voudrais pas les froisser en me les mettant sur le dos.

- Alors, on va la faire sobre, on va mettre : « Vot'dam' n'est y pas là ? J'doigt y montrer pour l'planté d'la courgette. »

- Non ! C'est hors propos. Je te rappelle que le vicomte est veuf depuis sa dernière partie de chasse. De plus, on pourrait soupçonner en filagramme un sous-entendu graveleux.

- Oh, faudrait avoir l'esprit sacrément bien mal placé dans l'cul, quand même.

- Pareil pour le titre de l'épisode « Le vent se lève » cela restait vague et ouvert à tout. Tu as jugé bon de rajouter : « Fait frisquet déhors, à c't' heure, le vent se lève » Non ! Trop restrictif !

***

Une écriture à plusieurs mains ne précise pas le nombre de mains. Imaginez une écriture à mille mains. Il n'est pas dit que toutes les mains arrivent jusqu'au clavier et pour celles qui y arriveraient, elles n'ont droit qu'à une seule lettre. Ce n'est pas du cadavre exquis, c'est carnaval sur la Tamise.

Moi, je préfère écrire tout seul et tout d'un seul doigt.

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