Se défaire...

Christian Lemoine

Circulent, excitation féerique, dans la rue en nage, des chars de carnaval. Des carrousels flamboient en fifres et tambours. S'allument des guirlandes d'éclats, des feux d'artifice exultent en plein midi. Il roule dans le soleil baveux des processions débonnaires, se répand la joie océanique qui monte à l'assaut des bardages, qui déborde les hiloires, qui inonde les cours et les jardins en se riant des radiers. C'est une ochlocratie qui investit les chaussées empavées de souvenirs tronqués. Basculent aux fenêtres des fous-rires d'enfant, roulés dans les sourires aigus, culbutés de rires obèses, dans le capharnaüm bruyant où tout est entraîné ; et au pas des chars tuméfiés de décibels ce sont les outrances insolentes de la jeunesse qui se distinguent. Tout autre saison avouée serait bafouée comme caricature. Dans la chambre fermée aux musiques s'obscurcit la vision écornée ; il respire par volutes contraintes, désolé d'être encore.
Signaler ce texte