Ses forêts dévastées

Christian Lemoine

Il est d'autres marcheurs, d'autres arpenteurs de marnes et de glèbes. D'autres pieds ont foulé les humus prostrés. Entre les troncs tendus et fébriles, ne glisse furtif qu'un imperceptible souffle, porteur d'un drame mutique. Le silence brame le vide. La biche a fui ou reste cachée. Peut-être cachée. Peut-être enfuie. Peut-être disparue des taillis en alcôve. Sous les pas des marcheurs, les pierres n'ont pas de mémoire, ou bien elles en ont trop et préfèrent se taire. Parmi les troncs tendus et fébriles, au milieu de la foule éreintée, elle, son absence immarcescible habite la forêt dévastée.

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