Sirène
Hervé Lénervé
Elle vivait dans les eaux brumeuses des étangs. Non, ce n'était pas une carpe, ni une brème, ni même une bagnole rouillée, immergée pour fraude à l'assurance, c'était une sirène d'eau douce. Si, il y en a ! Du moins autant que de mer. Moi, je vivais, sans originalité, dans l'air pollué et vicié du dessus. Etais-je enfant, étais-je déjà abruti ? Choisissez à votre convenance. Moi, je préfère opter pour la naïveté et comme je ne pesais moins que rien que pas grand-chose, je sautais sur son dos comme si elle fut un hippocampe jument. Elle se retourna vers moi et réussi à me toiser, alors qu'enlacés ainsi, nos têtes étaient en vis-à-vis au même étage. Elle me susurra, il ne servait à rien de crier, nous étions si proches que je sentais son parfum de pluie.
- Eh, il ne faut pas te gêner, surtout ! je ne fais pas taxi, mon coco !
J'aimais son ton familier, sa voix, sa peau d'écume, en fait ce n'est pas un mystère, je l'aimais déjà comme un fou qui sait, qu'entre nous deux, rien ne serait possible. Existe-t-il d'amour plus fort que les amours interdits ?
Je ceinturais cependant de mes bras maigres ses hanches fines de peur qu'elle ne rue pour me démonter, je préférais me ruer sur elle.
Rien ne serait être possible dans un principe de réalité, certes, mais dans un rêve ou un conte, l'impossible devient probable, puis bientôt s'impose comme une évidence, se vivant plus vrai que la réalité diurne.
- Toi, quand tu tiens à quelque chose, tu la tiens serrée. Tu m'étrangles, gamin ! Allez, je t'emporte.
Sur cette phrase, elle plongea et moi sur elle, elle sous moi, nous plongeâmes de concert sans que j'en fusse concerté. Je retins mon souffle tant que je pusse le retenir, mais l'apnée n'étant pas mon fort, au bout de trente secondes, je n'y tins plusse et j'inspirais l'eau comme si elle fusse d'air. Ma tête s'attendait à boire la tasse, mais rien ne se produisit, bien que sans branchie, je respirais mieux sous l'eau que dessus. L'eau sur mon corps était une caresse et les mouvements de poisson du sien sur mes sens étaient un délice. Elle m'emmena chez elle, mon elfe et me déposa sur son lit de vase au creux d'une coquille Saint-Jacques géante de deux mètres de diamètre. Elle s'étendit à mes côtés, mais d'un seul, le gauche et m'embrassa tendrement sur les lèvres. Elle était plus audacieuse que moi, qui étais pourtant déjà un vieillard. Le temps sous l'eau n'est pas le même que sur terre, déjà la mort venait me prendre par ce baisé funeste et quand le couvercle de mon tombeau en fruit de mer se refermait lentement, alors qu'elle me berçait de son chant de sirène, j'eus le temps de voir, alignés alentour des dizaines d'autres coquilles scellées pour l'éternité. Adieu ma sirène ! Je ne connus jamais de mort plus douce que celle-ci !
Ça doit doit sentir la vieille crevette dans ce cimetière depuis le temps kanmême ? :o)
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m
Un peu de respect pour ma sépulture sépulcrale Kanmême ! Ceci dit, t’as raison ça pue grave ! :o))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé
Un bien joli conte, mais quel dommage que notre sirène des mers n'ait pas réussi à entraîner son prince au fond des océans pour le garder à jamais.....quelle chance pour toi !!
· Il y a plus de 5 ans ·Louve
Attends, ce n’est pas son job ! Elle, c’est une sirène qui attire par ses chants le marin dans ses filets ! Chacun son métier ! ;o))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé
En effet, il y a une sacrée différence !!
· Il y a plus de 5 ans ·Louve
mourir pour une sirène . . . tellement beau !!
· Il y a plus de 5 ans ·li-belle-lule
C’est tellement plus romantique que de mourir pour des idées. :o))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé
Je le trouve magnifique ce conte et surtout très joliment écrit, .Par contre, j'aime les histoires qui finissent bien :)
· Il y a plus de 5 ans ·marielesmots
Tu en connais ? :o))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé
Finir en future perle de famille !
· Il y a plus de 5 ans ·yl5
Au moins cela aura compensé un peu mon vécu ! :o))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé
Si l'apnée est un souffle que l'on retient, qu'en est-il de l'air qu'on respire :)
· Il y a plus de 5 ans ·effect
L’air que l’on respire est celui qu’on se donne en bombant le torse. :o))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé
:)
· Il y a plus de 5 ans ·effect