soirée quatre étoiles

Olivier Verdy

Je lui plais. Elle me plait. Et si c'était pas vrai?

Pourquoi elle dit non maintenant? Elle en a envie. Je le sais. Toute la soirée elle m'a jeté des œillades. Quand ses copines riaient, elle me regardait, me souriait. Je crois même me souvenir qu'elle m'a fait un clin d'œil. Un peu allumeuse, la petite. Et mignonne avec ça; mince brune coupe au carré. On dirait une femme travaillant dans la pub ou le marketing. En tout cas quelqu'un qui fait attention à son apparence.

Elles sont arrivées toutes les trois, se sont assises en face de moi, elle juste dans mon angle de vue, comme un fait exprès. Et puis la soirée s'est déroulée; moi buvant quelques bières avec des amis, elle riant et chahutant entre deux cocktails. Avec tout ça, des regards qui en disent long, qui m'en disent long. Je n'y ai pas trop prêté attention au début, occupé que j'étais à raconter mes journées à l'hôpital, à blaguer sur les conquêtes ratées de Christophe, sur le manque cruel de filles dans l'école d'info de Youss. Elles devaient sans doute rire de leurs journées au boulot, au bureau ou parler du nombre désespérant de garçons dans leur école. Toujours ce regard. Quand je m'en suis rendu compte j'ai commencé à la regarder à la dérobée. Ravissante. Lui faire un sourire. Pour une fois qu'une fille jolie s'intéresse à moi, ce serait dommage de passer à côté d'une telle opportunité.

Et comme on était trois aussi, alors on a osé leur offrir un verre. Elle, un mojito. Mais bon, peut-être à cause de ses copines, elles sont restées un peu distantes. Mais le plus important est que je lui ai montré que j'avais remarqué son manège. Elle savait donc aussi que je la trouvais à mon goût et que j'étais d'accord pour que nous passions la fin de la soirée ensemble. C'était tellement clair, je l'ai lu dans ses yeux. Après tous ces verres, c'est vrai que je commençais à manquer de patience, j'attendais que ses copines et que mes potes rentrent pour être enfin tranquilles. J'imaginais déjà son petit pull noir passé par-dessus ses épaules, découvrir ses petits seins qui m'appelleraient.

Alors quand Youss et Christophe ont enfin décidé d'aller se coucher, je me suis senti soulagé. Elle n'avait plus qu'à se débarrasser de ses amies. Pour faire bonne figure, je suis sorti en même temps que mes potes en lui jetant un dernier regard rempli de « je t'attends » et me suis posté dehors. Parfois, une envie irrésistible ne peut pas s'expliquer. C'est comme ça. Je pense qu'elle a dû finir son verre assez vite car peu de temps après elles sont sorties toutes les trois. Je suis sûr qu'elle m'a cherché du regard histoire de m'indiquer « je suis là, viens ». Malheureusement, ses amies l'ont suivie. Moi aussi, discrètement. Je ne voudrais pas que ses amies repèrent son attitude. Je comprends son envie de discrétion. Succomber comme ça à un inconnu. Peut-être a-t-elle du mal à assumer. Je respecte. Le chemin a été interminable. J'entendais les filles rire, parler d'une très bonne soirée, à recommencer. J'ai bien compris qu'elle s'adressait aussi à moi. Oui, la soirée va être bonne … à recommencer ? On verra, peut-être…. Quand, enfin, elles se sont séparées, j'ai su que mon tour arrivait. Comme elle ne s‘arrêtait toujours pas, j'ai continué à la suivre, toujours sans été vu. Elle s'est retournée plusieurs fois, jetant un regard furtif qui me disait « tu es la ? on arrive bientôt » Alors, petit à petit, je me suis rapproché et elle a dû sentir mon envie, accélérant le pas. Excitant de se sentir autant désiré, de jouer au jeu du chat et de la souris.

Et elle est entrée sous un porche et là, j'ai su qu'elle m'attendait enfin. Je suis entré derrière elle et l'ai plaqué contre le mur. Comme c'est bon d'enfin pouvoir l'embrasser, de la sentir autant passionnée, sauvage, donnant des coups de poings dans mes épaules, m'offrant son cou plus que ses lèvres. Elle semble vouloir un rapport rapide, animal. Pour lui faire plaisir, je m'exécute. Je lui attrape les mains et les maintiens fermement. Elle doit sentir mon désir contre elle. Elle est bloquée, ma prisonnière. J'entends ses cris, ses râles. J'ai peur que les voisins nous entendent alors je lui mets la main sur la bouche tout en remontant sa jupe. Je glisse mes doigts entre ses jambes. Elle se défend, se détend.

Alors pourquoi dit-elle non maintenant ? Est-ce toujours un jeu ? Elle ne peut pas ne pas vouloir après tout ce qu'elle a fait. Tant pis pour elle. Elle a commencé. Et tout à l'heure elle sera contente. Alors toujours contre le mur, je m'occupe d'elle, animal. Elle mord ma main. J'appuie plus fort sur sa bouche pour qu'elle se taise. Pas envie qu'on soit découvert. Tellement excité par ce jeu que je prends mon plaisir en quelques secondes. C'est bon. Je la lâche, me recule pour la regarder et lui sourire. Elle part en courant. Ai-je été trop rapide à son gout? Tant pis.

Je me rhabille et sors dans la rue. Elle a disparue. Il est temps de rentrer chez moi. Sur le chemin, Je passe devant le ‘four stars'. Cool, un bar ouvert. Je vais aller boire un dernier verre. Et qui sait, peut-être que je vais rencontrer des amis. Pour une fois que je pourrai raconter une histoire aussi passionnante et me vanter d'un bon coup. J'espère qu'elle en garde aussi un bon souvenir.

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