Sommeil

Christian Lemoine

Dans l'éclat serein de la soirée, comme les nuages au loin paraissent la toile peinte d'un décor de théâtre. En ligne noire jetée à-travers la lumière rasante, une pie qui jacasse quête encore l'illusion de quelque objet brillant. Nulle tempête, nulle frénésie, calme sur les choses. Le temps se repose et s'assoupit en tranquillité, idéal à l'égal d'une embellie bretonne surgie du fracas apaisé des vagues, lorsque le soleil drapé sur l'horizon sourit à la nuit qui vient. L'après de la furie des vents. L'après de la pluie bornée qui s'offre à pénétrer jusqu'aux tréfonds de la peau et du cœur, avant que son chant éteint en un murmure aille s'écouler en secret sous les herbes des bords de route. Les fenêtres chaudes abritent des enfants qui vont aller s'endormir dans les vapeurs des soupes, loin d'imaginer la perfidie des sommeils.

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