Son phare

Troma Oz

J'avais bien suivi le sentier

Qui guidait mes envies, mes idées

Dans la forêt de la vie

Tout était clair et précis

Mes parents m'avaient bien formé,

M'avaient permis de m'affirmer

J'étais fier et sûr de moi,

Je savais que je marchais droit

J'avais imprimé ma boussole

Comme un tatouage dans mon esprit

J'avais bien les deux pieds au sol

Quand soudain est venue la pluie

Comme une tornade, comme un déluge,

L'eau s'est abattue dans ma vie

Je n'ai trouvé aucun refuge

L'eau a effacé mes envies,

Mes douleur, mes craintes, mes tatouages,

Quand monte le niveau de la rivière,

Je ne vois plus le rivage

La forêt devient lac puis mer

J'ai perdu mon chemin,

Je regarde en arrière,

Je ne reconnais rien,

Où sont tous mes repères

La tempête fait place à la brume

Je ne sais pas vraiment où je suis

Je sens l'odeur de l'écume

Le mouvement des vagues de mon lit

Égaré dans le brouillard

J'ai perçu la lumière

La lumière de son phare

De son fard à paupière

 

J'étais bien dans ma forêt

J'en connaissais tous les recoins

Pas de surprises et pas d'excès

Un arbre se reconnait de loin

J'étais sûr de mon avenir

Le rythme de la nature est lent

Il faut du temps pour voir fleurir

Les saisons et les sentiments

Dans l'univers de la Terre

Vitesse est  un mot grossier

Et s'il en reste quelques mystères

Pas de quoi me désarçonner

Je me suis perdu dans la mer

L'eau n'était pas mon élément

Les vas-et-viens avants arrière

Font de moi le jouet du vent

Mes appuis ne sont plus solides

Je m'égare dans l'inconnu

Cet état me grise et me vide

Je suis léger je me sens nu

J'ai perdu mon chemin

Je regarde en arrière

Je ne reconnais plus rien

Où sont tous mes repères ?

J'apprends à aimer l'océan

Il me fait peur mais il m'attire

Je me perds volontiers dedans

Il change les yeux de mes sourires

Je n'ai plus peur du noir

Tant que son feu m'éclaire

De la lumière de son phare

De son fard à paupière

 

Je me sens si bien dans la mer

La vie y est en mouvement

Passant de l'ombre à la lumière

Je suis un poisson volant

Je ne reviendrai pas en arrière

Mes arbres ne me manquent plus

S'ils sont des milliers de repères

Le phare unique est mon élu

La vie est si douce sur ma peau

Depuis qu'elle est eau salée

Je vis dessus dessous les flots

Je rêve d'abysse et d'alizées

Il faut plonger pour me voir

Poisson amant d'une lumière

La lumière de son phare

De son fard à paupière

 

Signaler ce texte