Stance

Christian Lemoine

Comme une jolie bérézina, s'effondrer et crouler de remords effusifs, pour mieux savourer sa propre délicieuse défaite. Lui susurrer dans le silence de son courroux, « Ô belle ! aimez-moi repentant, puisque je me saborde à vous avouer ma faiblesse et mon sentiment. Aimez-moi confus, toutes les crues de mes larmes ne seront à votre cou qu'un maigre emperlement, quand c'est de rivières qu'il faudrait vous couvrir » ; lui murmurer alors que ses yeux fusillent, « Ô belle ! aimez-moi vaniteux, quand je viens sous votre balcon tout hardi de me croire plaisant à vos yeux. Aimez-moi hébété, lorsque je vous épie dans vos blés placides, depuis mes sols flaccides où je travaille à grand peine une pauvre partie naine arable. Aimez-moi envieux, tandis que sous vos pas se glisse l'ombre par moi haïe d'un courtisan vers qui vous daignez un sourire » ; et encore, comme un waterloo consenti de douce souffrance, lui confier dans le souffle où la vie pourrait s'éteindre, « Ô belle, aimez-moi exsangue et me redonnez d'un mot la chaleur de vous aimer. »

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