Suicide collectif

Dominique Capo

Donald Trump et les accords de Paris

Bien entendu, depuis que l'annonce de Donald Trump avait été faite il y a quelques temps, je m'y attendais un peu. Je me doutais qu'il allait, tôt ou tard revenir sur « les accords de Paris ». Commençant à connaître l'individu au travers de ses décisions politiques, ses convictions, ses déclarations intempestives, et ses emportements médiatiques, il ne faisait aucun doute qu'il allait revenir sur ces accords longuement et douloureusement négociés ; et approuvés par son prédécesseur Barack Obama.

Néanmoins, ce matin, lorsque j'en ai été informé par les biais des informations du matin, j'en ai été horrifié. La colère et la déception, la peur et l'incompréhension, se sont emparés de moi. Un filet de sueur froide, en songeant en conséquences désastreuses pour l'avenir de notre planète, pour l'avenir de notre espèce, a coulé le long de ma colonne vertébrale. Car, en effet, renoncer à limiter les effets du réchauffement climatique au travers de ces accords, est purement et simplement suicidaire. C'est hypothéquer le futur de nos enfants, de nos petits-enfants, etc. C'est condamner à mort des milliards d'êtres humains à plus ou moins brève échéance, si les événements dont nous voyons chaque jour un peu plus les effets, perdurent.

C'est approuver un génocide de masse en devenir, pire que tous ceux qui l'ont précédé ; y compris durant la Seconde Guerre Mondiale. Le mot n'est pas trop fort. C'est accélérer cette « Sixième extinction » à laquelle nous assistons, et où l'immense majorité de la faune et de la flore de notre planète sont sur le point de s'éteindre si nous continuons sur cette voie sans issue.

Donald Trump me fait rire – amèrement – lorsqu'il prétend que l'hypothèse d'un réchauffement climatique est un complot des chinois pour mettre à genoux l'économie américaine. C'est une vision nihiliste des choses. Ce n'est qu'un prétexte bancale afin de justifier ses décisions vis-à-vis du climat et de ses soubresauts de plus en plus destructeurs. Pire encore, économiquement parlant. Si Donald Trump croit qu'il va préserver l'économie des USA, ou que se retirer des accords de Paris va permettre à sa nation de rebondir, et de renouer avec la croissance, il se trompe. Bien au contraire, y compris dans ce domaine, les conséquences vont être incalculables et destructrices d'emplois.

Alors que l'avenir est aux énergies renouvelables ou alternatives, alors que les bâtiments à « énergie positive », alors que le recyclage, etc. s'apprêtent à bouleverser en profondeur notre mode de vie, Donald Trump s'accroche de toutes ses forces aux vieilles solutions qui ont fait leur temps. Mais qui, aussi, ont mené le monde et notre civilisation au bord du chaos généralisé. Il condamne son peuple à la régression, à devenir une nation de seconde zone, à force de suivre cette route sur laquelle il la mène depuis qu'il a été élu président des États-Unis.

Les américains ont été bien imprudents, bien naïf, en élisant un homme tel que lui à la fonction suprême. L'isolationnisme économique qu'il prône, la négation des grands enjeux climatiques actuels et futurs, montrent les limites auxquelles sont arrivé le modèle de société ultra-capitaliste dont les USA ont été le flambeau depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Et ils s'apprêtent à en payer le prix fort. Bien plus lourd et bien plus dévastateur que ce qu'ils se l'imaginent.

En tout état de cause, la faute majeure qui est la leur, en ayant porté un individu comme Donald Trump au pouvoir, c'est d'entraîner le reste de l'Humanité sur un chemin que les 195 autres nations signataires du traité de Paris ne veulent pas emprunter. Il les condamne à redoubler d'efforts pour compenser le manque de solidarité de leur pays vis-à-vis des autres nations du globe. Car elles, sont conscientes de la nécessité de dépasser les différends idéologiques, économiques, religieux, etc. dans l'intérêt de tous. Donald Trump et les conservateurs les plus réactionnaires qui l'appuient sont des inconscients. Ils jouent avec le feu. Il est criminel et absurde de ne pas voir ce qui saute aux yeux. Et de faire l'autruche, alors que les États-Unis sont les deuxième pollueurs de la planète après la Chine ; alors que même la Chine est prête à consentir des efforts sur ce sujet.

J'aime et j'admire l'Amérique lorsqu'elle est synonyme de progrès, de liberté, et de tous les idéaux qui ont élevé ce pays au rang des grandes puissances. Mais là, je suis triste et en colère contre elle. Je ne la reconnais plus. Elle montre le déclin auquel elle est condamné, et avec elle l'idéal capitaliste qu'elle a façonné à son image. Son individualisme à outrance, son égoïsme et son intolérance en tentent de grappiller les quelques miettes d'essor économique qu'elle n'atteindra jamais. Je suis furieux contre ces électeurs de Trump – immensément déçus par leur leader au bout de cinq mois de mandat pour leur grande majorité – qui ont cru qu'il pourrait relever l'Amérique.

Oui, ma colère est grande face à tant de bêtise et de crédulité. Trump n'est pas à la hauteur des fonctions qui sont les siennes, et ça se voit un peu plus à chaque jour qui passe. Comparé à un Obama, à un Clinton, ou à un Roosevelt, il n'est qu'un nain. Et encore, je suis généreux. Espérons alors que cette brève période obscurantiste et rétrograde soit la plus courte possible. Afin que les dégâts engendrés par celle-ci soient les moins désastreux possible, pour nous, pour nos enfants, et pour les générations qui viendront après eux...

Signaler ce texte