supect n.1? (club jetez l'encre)

christinej

Quand la porte du commissariat s’est ouverte, le temps s’est arrêté. Ceux qui avaient tourné la tête par curiosité, se sont mis en apnée, sans oublier avant, de lâcher un hoquet de stupeur.

Une femme se tenait dans l’encadrement de cette porte, on se serait cru dans une mauvaise copie du film Carrie. Des cheveux raides, lissés par une solution hémorragique, lui tombaient sur les épaules. Elle portaient une chemise de nuit a bretelles blanches, trop légère pour la saison et qui dissimulait mal son corps squelettique. Le blanc de son vêtement était étoilé de lucioles rouges, d’étoiles filantes a la traine écarlate et dégoulinante. Par endroit la profondeur du rouge était si intense, qu’il lui collait a la peau, lui donnant une apparence difforme. Les deux bâtons qui lui servaient de jambes, semblaient aussi fragile que des brins de pailles. Elle avait les pieds nus et sales. Quand finalement les yeux des curieux, osaient remonter vers son visage, une peur viscérale les prenait a la gorge. Comme une mauvaise farce, un masque sanguinaire recouvrait sa peau. Les lèvres pincées, un nez assez fin mais tordu, les joues creuses et cabossées, disparaissaient quand on croisait son regard. On ne voyait plus que ca, ce regard éteint, ou la vie avait été assassiné sèchement, qui poignardait, d’un bleu lagune, le vide autour d’elle.

Elle se mit en mouvant comme une automate et sortit de derrière son dos un long couteau de cuisine, qui venait de couper autre chose que des légumes.

Le silence était épais et glauque et quand elle prononça, d’une voix fluette,

“ je viens de tuer mon mari, pouvez-vous m’aider s’il vous plait?”

Même les murs ont frissonné.

Le bruit sourd du couteau frappant le sol, sortit le monde de sa torpeur. Des cris mêlés a des pleurs se firent entendre, le rythme affolé des chaussures qui commençait a courir dans une discorde frôlant la panique, prenaient le pas sur le silence. Au milieu de cette cohue, elle restait immobile, comme une sculpture abstraite.

On l’emmena dans une salle d’interrogatoire pour en savoir plus.

Comme un pantin elle se laissait manipuler, bousculer, sans jamais cligner des yeux, ni prononcer un mot.

On l’emmena ensuite a l’hôpital pour la faire examiner.

Une fois, lavé et changé, tous attendaient, qu’enfin, elle parle.

Mais rien, elle restait muette.

Son corps était recouvert de bleus, de brulures et autres sévices en tout genre. Elle avait été mal nourri pendant des années, elle avait perdu la plus part de ses dents, ses doigts avaient été tous fracassés, sans exception. Sur son ventre une lacération, fraichement faite, partait de son sein droit pour finir en haut de sa cuisse gauche. Les docteurs ont défini cet acte comme barbare, car en nettoyant la plaie ils avaient trouvé des traces de sel, de vinaigre et une matière corrosive non identifiée pour le moment.

La conclusion des médecins,

“cette femme a subi des sévices pendant plusieurs années, vu la dégradation de ses organes on ne sait même pas comment elle fait pour marcher. Et vous dites qu’elle a peut être tué quelqu’un, cela me parait difficile a croire quand on voit sa condition.”

Apres plusieurs heures de recherche, la police avait trouvé son identité, Madeleine Martin, femme de Guillaume Martin. Elle habitait 3 impasse du Charroux.

Une fois passé le portail, on débouchait sur une cours encombrée d’objets, donnant un air de décharge a l‘endroit.

Dans un coin, attaché a un piquet, la dépouille d’un chien desséchée, attirait encore les mouches.

La porte de la maison était grande ouverte, l’odeur qui s’en dégageait, était une mis en garde pour ce qu’ils allaient découvrir.

Au milieu de la cuisine gisait, un homme, ou du moins ce qui ressemblait a un homme. Tout ce qui devait se trouver a l’intérieur de cet individu, étaient étalés sur les murs, la table, les chaises, rien n’avait été épargné, le plafond lui-même dégoulinait de restes et de sang sur les nouveaux invités.

Personne n’osait parler, ni même vraiment respirer. Ils ne savaient pas ou poser les pieds, de peur de toucher un morceau du corps.

Un rire, un rire d’enfant chantait dans une pièce plus loin.

Sur le canapé du salon, un petit garçon regardait une télévision dont le son avait été coupé.

Il riait a gorge déployée. Il était impeccablement lavé et habillé. Sur son visage d’ange, les traces ne laissait aucun doute sur sa maltraitance. Il portait au pied des chaussons en forme de lapin, leurs semelles avaient laissé des empreintes de petits pas rouge, partout.

Il continuait a rire, si joyeusement, si innocemment que beaucoup se sentaient mal a l’aise.

Brusquement, il s’arrêta de rire.

Il tourna un regard, bleu lagon sur eux, dedans se mêlaient l’incompréhension et la surprise.

Il baissa le tête et ajouta.

“ je suis désolé…... Ou est ma maman? J’ai faim ou est ma maman?”

Des larmes lui montaient aux yeux, ses mains se crispaient sur son pantalon. Mais pas un son, pas un reniflement, a peine le bruit saccadé de sa respiration. Il pencha légèrement la tête vers la cuisine.

“ il ne fera plus jamais mal a ma maman!”

Il souriait, maladroitement, comme si c’était pour la première fois.

“ il ne fera plus jamais mal a ma maman!”.

Puis il regarda a nouveau la télévision et se remit a rire….

Alors d’après vous, qui est le suspect n.1?

 

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