Sur les odeurs du corps

peterpanpan

Aujourd'hui je sens vraiment mauvais. Mon odeur me fascine, m'attire, et même me rend libidineux. Cette sueur musquée me donne envie de me branler, j'aimerais la retrouver ailleurs que sur moi, m'y plonger sur le corps d'une vieille femme lubrique et perverse, ou d'une jeune niaise joyeuse aux gestes enfantins et brusques. C'est parce que cette odeur est très-naturelle qu'elle donne envie de se branler. C'est l'odeur de la femme de Napoléon, l'odeur des courtisanes d'avant l'eau courante. Mais notre époque, à l'hygiène douteuse, peut difficilement comprendre une conception aussi sensuelle, et je dirais même romanesque, des odeurs corporelles. Je ne dis pas que les parfums n'ont pas leurs charmes, une peau bien lavée peut aussi être agréable, mais assurément la puanteur est d'une profondeur inatteignable pour les savons et les gels douches. Je porte la main sous mon aisselle et je sens mes doigts. Ou je brasse un peu d'air pour rendre un peu plus vicié celui que je respire. Et cette petite odeur de noisette sympa sur les mains, comme n'importe quel parfum complexe, elle a son histoire. Au fond tout ce qui fermente est le propre de l'homme. Chaque culture fait de sa conception du pourri un objet identitaire. Du fromage corse, aux pingouins fermentés dans une panse de phoque des Inuits, en passant par le Surströmming des fils de Vikings, la culture de la décomposition est mondiale. Je pense avoir compris avec sincérité le rôle animal des odeurs, et on pourrait me croire disposé à comprendre des pratiques comme le sadisme ou le masochisme sexuel, mais la vérité c'est que je n'y comprends rien. Une femme martyrisée, même de son gré, me laisse mou. Les gorges serrées, les fesses claquées, les reins broyés, j'y comprends que dalle. L'ondinisme c'est pareil, autant j'aime l'odeur naturelle d'un corps, autant l'odeur de pisse et de merde me débectent. Parce que ces saloperies sont des purs déchets. Ils n'ont qu'un rôle fonctionnel ingrat, à mes yeux.

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