Sur les textes de mes contemporains branleurs

peterpanpan

Je vois souvent des textes qui me rappellent malheureusement les miens. Des textes de branleurs. C'est-à-dire des textes qui puent la bite et le sperme à force d'astiquer ses petits malheurs jusqu'à la jouissance. Avant j'étais comme toi, je pensais qu'écrire était la forme intellectualisée d'une opération masturbatoire, et que c'était ça, faire de la poésie ou écrire un roman. Puis j'ai compris que le meilleur public d'un narcissique déçu n'était qu'un autre narcissique déçu, que ce petit monde se reconnaissait, se sentait pour ainsi dire. Alors ensemble ils pouvaient renifler sans pudeur cette odeur de bite et de sperme ranci, l'odeur de leurs petits malheurs narcissiques auxquels ils donnent une âme, et qui donnent à leur vie une forme, un sens. Ils finissent par incarner la somme de leurs frustrations, de leurs échecs, de leurs désirs échoués. Tout ça prend corps et forme une identité complexe, ou devrais-je dire complexée. Alors ils disent avoir des désirs, des désirs souvent orgueilleux, snobs. Ils se cherchent des façons de se démarquer de la masse dont ils se sentent au dessus. Mais tous ces désirs ne sont finalement que des fantasmes dont le seul but est d'alimenter leur narcissisme présent. Leur fuite dans le rêve les ancre toujours plus dans ce présent qu'ils ne supportent pas, affirme leurs névroses, donne du crédit à cette identité cancéreuse dont les métastases atteignent chacune des branches de leur pensée.

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