Suspecte conquête, internet

Jean Claude Blanc

facile, pratique mais indiscret

                         Suspecte conquête, internet

Ce qu'on balance sur internet

L'intrus face-book, le tourne en boucle

Tant et si bien que ça se répète

Qu'entre twitters, hélas j'en doute…

 

Communiquer sans se parler

C'est la coutume de nos gamins

Portables, I-phones sont là tout près

Pour enregistrer leurs moindres potins

 

Tout le monde s'y met, même les mémés

Les doigts crispés sur le clavier

Juste un moment pour se distraire

Sachant que faire, pendant l'hiver

 

Comme s'arrête pas le progrès

Sont bienvenus ces appareils

De toutes marques selon le budget

Même s'ils nous cassent les oreilles

 

Représentants en la matière

Vantent les talents de ces merveilles

Tandis que nous autres, on s'y perd

Même ignorants, on se les paye

 

Parait qu'on est tous fichés

Pas étonnant, on l'a cherché

Me direz pas se confesser

Ce qu'on éprouve en secret

Ça n'intéresse que les curés

 

Pourtant de nos jours, c'est le grand cri

Faut pas en être démuni

Sinon traités de retardés

Retour à l'ardoise et la craie

 

Pour l'amateur de beaux poèmes

Conter fleurette, à celle qu'il aime

Charme rompu et dépassé

N'écrivant plus qu'en abrégé

 

Sorte de verlan en plus obscur

Langage impropre des roulures

Interjections, à la va vite

Afin ne pas vivre en ermite

Formules débiles, abjectes tournures

Nos mômes en goûtent et en savourent

A devenir vraiment sourds

Plus besoin de tas de discours

Pour à distance, se faire la cour

Certes le robot supplante l'Homme

Pour se les rouler, c'est plus commode

Si sa cervelle se repose

Risque devenir métronome

A l'avenir pas bien rose

 

C'est que l'avis d'un demeuré

Qui ne fréquente pas les boutiques

Tandis que les jeunes délurés

Ne manquent pas de sens pratique

 

Ne fait pas bon entre camarades

D'être incapable même de l'allumer

Sinon se fendent de rigolades

Vraiment quelle honte, pas être branché…

 

Pourtant ras le bol de ces obsédés

Qui ont toujours à leur portée

Ce petit écran là sous leur nez

Même au moment de déjeuner

 

S'y abonner pour tout savoir

En dehors de la réalité

Esclave notre humanité

Se sert du net, comme vive mémoire

 

Ainsi divaguent dans les rues

Des gus abstraits, causant tout seul

Dans leurs pensées, tellement perdus

Qu'ils risquent de se casser la gueule

 

Pour nous droguer à ce confort

Les inventeurs, frappent très fort

Font ce qu'ils peuvent pour nous ravir

De ces gadgets, qu'ont bel avenir

 

Bien que géniaux ces instruments

Hélas fragiles ne durent qu'un temps

S'ils se détraquent, pas mécontents

On s'en rachète des plus puissants

 

Etre dérangé quand c'est pas l'heure

Bien sûr nous met de mauvaise humeur

Tellement anxieux et possédés

On ne peut s'empêcher de cliquer

 

Pas plus vertueuse ma conduite

Vais en cachette sur mon site

Simple réflexe conditionné

Même je pianote comme un damné

A m'anémier le cervelet

Savant objet mais incapable

D'être vivant, en faire des fables

Bien inutiles banals messages

Simples commérages, bavardages

 

Plus on avance plus on recule

La flemmardise fait des émules

Au point qu'on en oublie les codes

De cette fenêtre, folle de concorde

 

Mais les anciens, bien plus malins

Annotent tout dans leurs calepins

Même si ça parait dépassé

En cas d'oubli, peuvent s'y fier

 

Souvent fantasque mon PC

Qui ne fait que ses 4 volontés

Quand ça le prend, refuse de s'ouvrir

Dois exaucer tous ses désirs

 

Parfois plus grave, il perd la tête

Efface tout, cette sale bête

Evaporant mes milliers de textes

Grosse fatigue, qu'un prétexte

 

Ayant subi cette aventure

Mais prévoyant, c'est ma nature

Conserve toujours mes manuscrits

Dans une pochette bien à l'abri

 

Publie plus trop, pour les curieux

De ces poèmes, dits calomnieux

Ceux de mon pays se sentent concernés

Car de mes contes sont furieux

Facile les lire, sont placardés

Le net m'en fait publicité

Et bien souvent contre mon gré

 

D'où ma défiance pour cette conquête

Tellement suspecte sur internet

Ne montre plus mon vrai visage

Ne dépeignant que des personnages

 

Nouvelle détresse, soif de palabres

Quand notre espoir se délabre

Lorsqu'il y a personne au bout du fil

On garde pour soi, ce qu'est futile

Jadis n'y voyions pas outrage

Qu'un bigophone par village

Pour appeler en cas d'urgence

Le médecin et l'ambulance     JC Blanc  novembre 2016  (indiscrétions sur internet)

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