Tant de vies

aile68

Marcher dans les ruelles poussiéreuses du fin fond de la Sicile, il faudrait se perdre pour y venir, ou y avoir tout un arbre généalogique qui remonte à la préhistoire. Les clefs de la petite ville, on les a perdues, des vieilles femmes vêtues de noir vous y accueillent en posant des questions, l'air curieux et désoeuvré. Des chats maigres rasent les vieux murs où la canicule vient se cogner, à l'heure de la sieste il n'y a qu'eux dehors et les touristes au front battu par un soleil métallique. 

Marcher dans les rues poussiéreuses du fin fond de la Sicile, avec des chèvres qui se perdent dans des cours immenses aux pavés boiteux. Boire le lait des brebis directement sorti du pis est un si doux privilège, c'est comme avoir la clef de l'imposante grille qui mène aux jardins, je l'ai tenue dans ma main cette grande clef marron, ça a été un moment si important pour moi, d'habitude je la regardais avec tant de convoitise dans les mains de mon grand-père, il voulait que je reste avec lui toujours, c'était l'époque où l'on s'entendait bien mais il fallait que je rentre au pays, que j'aille à l'école. J'aurais pu vivre tant de vies différentes... en Italie.

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