Tentation

poulpita

Un parc. Une grille. Un banc  Dur, vert et solide. Il se sent parfait. Angle droit des orteils aux genoux. Des genoux aux épaules. Son costard ajusté. Pour un peu il se briserait le cou pour planter ses yeux dans le ciel. Former un angle droit de plus. Il voudrait être carré, droit, irréprochable. Un hangar vide, une tour indifférente, un monument sans rêve. Il tient à distance son encombrant sac de travail. De l’électronique, des câbles, des vis, de la connectique. Inertes. Autours de lui, des branches noueuses, des herbes trop hautes et folles, des fleurs écorchées. Bientôt il se rebranchera. D’ici là, il devra s’être débarrassé de ce souvenir, ce sourire, cette promesse de sauvage, ce don inacceptable. Il voudrait être carré, droit, irréprochable. Il n’a que trop traîné ici. Cinq minutes de retard déjà sur son programme. Il serre les mâchoires, gomme les angles, et s’en va. Droit comme un i.

[également publié sur http://poulpitablog.wordpress.com/]

Signaler ce texte