T'es pas crédible.

Aly.

Arrête ça. Oui c'est à toi que je parle. T'es conne ou tu le fais exprès? Pourquoi tu te fais du mal de cette manière ? C'est quoi le but, l'enjeu, l'optique ? Vas-y explique-moi. Parce que là non, je comprends pas tu vois. Bah parle, qu'est-ce que t'as ? T'as bouffé ta langue ? Non, c'est le coeur que t'as de bouffer, pas le reste. Viens on va s'asseoir, face à face, et on retire nos masques respectifs. On va jouer carte sur table, on va remettre les points sur les i, replacer les virgules et les parenthèses en place. 

Ne fais pas cette tête d'innocente avec moi, parce que tu es loin de l'être. J'ai remarqué que tu fumais bien plus qu'avant. A combien tu tournes hein ? Trois ? Quatre paquets par semaine ? Tu traines des pieds et t'as le regard vitreux d'une aliénée. Manquerai plus que le filet de bave. Je suis sur que t'écris plus, et que tu passes tes nuits d'insomnies a regarder le plafond. Mais oh, elles sont pas là -haut les réponses. Tes clopes là, c'est pas la solution. C'est juste des monstres qui veulent ta mort. Avoue qu'ta haine te bouffe. Au fond t'as juste envie que ça s'arrête. 

Alors maintenant tu vas prendre tes tripes à pleine mains. Et tu vas gerber dans mes bras toute cette détresse qui t'abime. J'te parle de cette détresse qui t'transperce l'âme, t'fais sauter les artères, et t'interpelle à deux kilomètres. T'as c'regard qui crie à l'aide, et qui fait comprendre que t'es à côté de tes pompes. T'as beau sourire bouffonne. Ta façon de marcher trahi tout le reste. 

Regarde-toi. T'es comme un ouragan qui détruit tout sur son passage. Tu débarques et tu sèmes des petits bout de toi un peu partout. Tu laisses des séquelles de ta venue, et des traces indélébiles de ton départ. T'es différente tu sais. Mais t'es faible. Suffirait qu'on te bouscule pour que tu t'écroules et que tu te brises en morceaux. Comme une poupée en porcelaine. Quelque part tu me fais de la peine. 

T'es pas crédible. Mais t'es belle. T'es comme un accident d'bagnole, un poids lourd qu'a plus les freins, un train qui déraille en cours de route. T'es tellement de choses à la fois. Tu pues l'échec, la peur. Mais tu sens l'espoir et l'humanité. 
Tu pues la vie, tu sens la nuit. T'es comme un vieux souvenir qu'on ne veut pas effacer. 

Aller, viens. Fais tes valises. On s'casse. J'te jure qu'on s'tire. J't'emmene visiter la tour Eiffel en passant par Venise, avec un détour par Broadway. Ces idiots tu les verras plus. Viens, prends ton sac. On va vivre. 

©.

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