Tian, L'orphelin qui voulait voler

Ben Jaize

Tian est abandonné dès son jeune âge, la vie ne lui faisant pas de cadeau il a quand même un rêve, celui de voler...

Chine 1467, Pékin dans un quartier pauvre.

Du haut de ses deux ans, Tian est bien constitué et costaud pour son âge, il est vif d'esprit et déjà clairvoyant. Sa mère s'est absentée depuis la veille, un étrange sentiment le parcoure, il pense qu'elle ne reviendra pas. Anxieux et seul, Tian veille, encore tenu par un maigre espoir. Il s'endort alors pensant que demain sa mère sera revenu et que tout ira bien...

L'aube s'annonce sur Pékin et ses quartiers. En cette douce matinée, Tian émergea doucement le coeur lourd, il était toujours seul.

Ce jour là et durant toute la journée il déambula dans Pékin sans but. Le soleil se coucha et il fit de même éreinté par le désespoir. Durant la nuit, on ouvrit la porte à grand bruit : deux hommes l'air sévère, les traits tirés, emportèrent notre jeune pékinois. Sans mot dire ils l'amenèrent à la porte d'un bâtiment massif et terne. Un homme imposant au physique laid ouvrit la porte. Il remercia les deux hommes et leur demanda de partir.
"Tu es à moi maintenant avorton! Tu vas me suivre et en silence les autres dorment!
-Mais où suis-je? Où est ma mère? Interrogea Tian désorienté
-Ils sont partis loins d'ici, ils ne reviendront pas et maintenant silence!"

Tian comprit vite qu'il n'était pas a l'école et qu'il n'avait ni frères ni soeurs, mais de bien nombreux camarades d'infortune, pauvres orphelins de Pékin. 

8 ans après, dans l'orphelinat du quartier hudong, Tian avait forgé une solide amitié avec Meng, le plus costaud des garçons de son âge. Il était arrivé à 3 ans et n'avait de souvenir que de l'intérieurs de ces murs. Pareil pour Tian qui ne se souvient plus de sa courte vie d'avant. Ce lieu recueillant les enfants pauvres orphelins ou errants, est humide, froid et terne, les enfants on peu d'éducation, peu de classe et travaillent à la confection de flèches pour l'armée de la dynastie Ming. Rares sont les temps morts et les pauses, les enfants sont exploités pour leurs petites mains devenues adroites à force de pratique. 

« J'aimerais tellement sortir, et découvrir ce qu'il y a dehors, le monde le pays même la ville, tout dehors doit être si beau! Lança Meng à Tian

-Ou alors c'est pire qu'ici mais j'en doute fort! 

-Il faudrait aller voir de nous même, mais tout est fermé, personne ne sort d'ici...

-on pourrait sortir en volant au dessus de ces murs, malheureusement je n'ai pas ce pouvoir, j'aimerai tellement être un oiseau.. »

Ce soir là Tian et Meng tentèrent l'impossible, Ils dérobèrent des pointes de flèches dans l'atelier et les cachèrent dans leur pagne. La nuit tombée, ils quittèrent le dortoir des plus âgés et traversèrent la cour de l'orphelinat. Il faisait doux, les étoiles scintillaient au dessus d'eux, la lune brillait a son premier quartier. C'était quitte ou double, la liberté ou le fouet. 

Meng forca la serrure de la petite porte de service de l'entrée Nord, sans mal il réussit mais non sans bruit. la porte s'ouvrit les frères d'armes étaient enfin libre mais un pas pressé résonnait derrière eux. Ils se mirent à courir de toutes leurs force, Meng se retourna alors et une vision lui glaça le sang. 

« Vous n'irez pas loin ! je vous retrouverai! » vociféra le directeur de leur prison infantile

Il décocha alors une flèche qui vint se ficher dans le dos de Meng.

Tian se retourna, il ne vit pas la scène mais comprit très vite, Meng gisait au sol face contre terre dans une marre de sang. Sans se retourné il courra et courra encore a travers les rues désertées de Pékin. Il stoppa sa course face à une drôle de devanture d'ou sortait un pale halo de lumière, il se recroquevilla et éclata en sanglot. 

« C'est dans la tourmente qu'un petit homme s'annonce à ma porte en cette douce nuit. Un signe m'est apparu hier dans la nuit, je suis comme prévenu de ta visite. Entre donc! »

Tian, désorienté acquiesça et attrapa sans arrières pensées la main que le viel homme lui tendit. Sans mot dire il tomba de sommeil non sans penser à son ami qu'il ne reverrais plus jamais.

« Bonjour petit homme, je suis Tao Tseng, ton nom est Tian n'est-ce pas? Nous devions nous rencontrer et cette rencontre n'a rien d'un hasard. Je suis un mage, un sorcier voire un vieux fou pour certain, mais je veux que tu te sentes en sécurité ici et en ma présence.

-Oui je me prénomme Tian mais comment le savez vous?

-Je sais beaucoup de choses et de nombreuses choses qui ne doivent pas être sues. Je sais aussi d'où tu viens et ce qui t'a mené jusqu'à moi. Sache que je pratique une certaine forme de magie et communique avec les esprits, c'est pourquoi ta visite ne me surprend en rien.

-Je n'ai rien et j'ai tout perdu. balbutia Tian, Eberlué par ce personnage qui n'avait pourtant rien d'intimidant. Il ressentait d'ailleurs une connexion étroite avec le vieillard comme s'il étaient liées par une sorte de lien, l'un a l'autre. 

-Tu as peut-être tout perdu, en effet, mais la nuit dernière, c'est la liberté que tu a obtenu. Que veux-tu faire maintenant? Je te propose de déambuler avec moi dans Pékin, nous pourrons discuter si tu en a l'envie. » 

Tian et le viellard passèrent la journée dans le fourmillement de la capitale chinoise, cette ville était pleine de vie, de distractions et de lieux chargés d'histoire. Tseng enseigna de nombreuses choses au jeune évadé, en réalité, il était très sage et doté d'un savoir très étendu, Tian n'en rata rien. Cette journée fut très riche d'enseignement mais Tian habitué à l'interieur de son orphelinat fut mal à l'aise, désorienté.

« Cela fait beaucoup d'un coup, je l'admet mais tu devais savoir, observer le dehors pour t'en faire ta propre image.

-Je crois en avoir assez vu, je ne serai jamais vraiment libre ici, en réalité la vie ne m'a rien offert de bien jusqu'à présent, mais pour tout te dire Tseng, j'ai un rêve...

-Voluptueuse est la vie du rêveur, puisse t'il jamais se réveiller, et quel est-il petit Tian?

-J'aimerai être un oiseau. Affirma le jeune garçon»

Le mage se mit a l'oeuvre et selon la légende depuis cette nuit là un aigle survole Pékin continuellement et librement. Indifférent à la vie des hommes, il s'attarde souvent sur les hauts murs de l'orphelinat de Tian, Meng et leurs compagnons d'infortune, afin d'accompagner les délaissés, les oubliés.

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