Timidité

C'est compliqué d'être timide. 

Je le sais. Je le suis. Ceux qui me connaissent un peu me diront que non. Mais ils se trompent. La timidité ne s'exprime pas dans tous les aspects de notre vie. Elle l'a fait dans la mienne. 

Fut un temps où j'execrais les autres, où j'étais plus que renfermé, me contentant de mon petit cercle d'amis, de potes. Puis le temps a passé, et la carapace exubérante que je me suis forgé a écrasé le triste garçon que j'étais. Je souriais peu et ne parlais pas. Aujourd'hui je souris beaucoup et parle trop. J'ai vaincu certaines barrières, camouflé par mon jeu d'acteur, même si au fond, le doute m'assaille toujours. 

En revanche, il y a des choses que je n'ose plus dire. Trop déçu, peut-être de les avoir dites à des personnes qui ne le méritaient probablement pas, peut-être apeuré de la réaction de ceux à qui je pourrais le dire. Les mots sont en tête. Mais ils ne sortent ni de ma bouche, ni de mes doigts. Même par message, je n'y parviens pas. C'est d'un triste... Ne pas savoir dire aux gens qu'on les aime, ne pas pouvoir leur dire qu'ils nous manquent... 

L'inquiétude du rejet, de la non réciprocité, le souhait de ne pas déranger, la peur de l'entendre peut-être... Ou alors tout à la fois. J'ai cette peur dans le fond, moi le stoïque, l'homme qui semble tout prendre si bien qu'on ne s'inquiète pas de ce qu'il y a dedans. Je masque tout avec des sourires vides, notamment les moments de tristesse, ceux de détresse. Il est vrai que c'est plus simple à digérer. Ou est-ce pire ? 

Les non-dits alimentent nos remords, voire nos regrets. Je n'aime ni l'un, ni l'autre. Ils sont tous deux agressifs, corrosifs. L'amertume les poursuit comme un chien fou et me mord parfois le cœur... Je reste là, telle une coquille vide qui attendrait l'émotion nécessaire à son éclosion... Mais qui la couvera ? Sera-ce moi ? 

Comment pourrais-je un jour sortir de cette timidité ? 

En sortirai-je un jour ? 

Saleté...