Tous aux abris !

Gabriel Meunier

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pour quoi faire ?

protéger montrer cacher vendre accumuler réunir accueillir créer reposer donner la vie

tout cela ? Pas vraiment !


A l'entrée. Toc toc !


De bois, de métal, maintenant de plastic, un portail en dit long. Au sommet des piliers, selon les moyens ou l'époque: vasques Médicis, garnies ou non de fleurs si une bonne âme - ou un jardinier - veut bien s'en charger. Entre deux guerres, années 50, changement brutal : boules (mappemondes ?), dés à jouer en ciment, fichés sur un sommet, en haut du pilier. Revenant de l'école, j'avais envie de les faire tomber. Plus tard, lionceaux, cygnes, lutins, de plâtre et même (encore) de plastique ont suivi.

Juste en dessous de ces miniatures tutélaires, des plaques à l'éponyme de la maison. Pierre, bronze, ou tôle émaillée bleue sont les matériaux les plus fréquents. Noms de lieux, de femmes, de fleurs... Autant de correspondances, inavouées mais visionnaires, teintées parfois d'humour, parfois de lucidité, souvent naïves.

Et puis surtout, en filigranes, rêves, espoirs, cris d'appels vers un passé désormais inaccessible, vers un lendemain trop flou. Amères déceptions ou petites joies ? Une maison est un bateau. Parfois vrai paquebot, souvent rafiot,  échouant de même sur la grève.

Les pilotes, les commandants dignes de ce nom ne sont pas légion.


Les belles mères le savent bien.

Nos peines, 30 juin



Entrez donc ! Vous prendrez bien quelque chose ? Allez !


Monter quatre marches de béton, hautes et tristes. Un chat aurait l'air sympathique, mais le chien grogne.

Traversée de la véranda, passablement encombrée. Un vélo d'appartement, un transat Lafuma avachi, deux placards en formica, des pots de fleurs, cannes à pêche, une vieille télévision résolument cathodique et muette…


Alors comme ça vous faites des photos ? Des photos de quoi ? Parce que mon petit fils, lui, on lui a acheté un appareil pour la Noël...


Chaleur.

Nous entrons dans la cuisine-salon-salle à manger. Un écran plat de belle dimension propose sans succès et en continu, des images du tour de France, d'individus qui se trémoussent sur une musique adaptée, des recettes de cuisine... Le tout rehaussé de couleurs hautement pigmentées.


Cette année on ne part pas en vacances. Le jardin, ça occupe !

Peut-être que dans quelques années, lui sera du genre à faire les cent pas pour surveiller ses oignons, elle devant la télé.

Il n'y a pas d'étage. On sirote en coeur ; gens simples ; ils ont ouvert leur porte.



Villa Marguerite, 15 août


"Fermer la porte à clé ? Mais enfin, Jacques, vous n'y pensez pas ! Qui pourrait bien voler le fourneau bouilleur ou le portrait de mère grand ?"


En haut du perron, sur l'angle de la façade grise, près de la porte d'entrée, une poignée. Un vieux fil de fer permet d'actionner une cloche imposante fixée tout en haut, sous l'avancée du toit. Placée de la sorte, ceci ne peut pas convenir au facteur ou aux visiteurs. On verra plus tard.


Hall d'entrée ; damier noir et blanc du carrelage. Immuable, une horloge égrène les secondes. Une odeur de cire couvre à peine le parfum vieillot de poussière et d'une pointe de moisi.

Pourtant Marie Thérèse a du frotter longtemps."Vous savez, elle est ici depuis la naissance des enfants !"

Dans la fraîcheur du salon tante Nicole promène les doigts sur le Gaveau. Jean-Claude (son mari) n'a pu se libérer et venir comme chaque année. Avec la concurrence étrangère et les charges sociales écrasantes il n'a pas eu le choix.

Au fond du parc les petits enfants font des cabanes, chapardent des noisettes en se confiant leurs secrets. Ne vous inquiétez pas, le jardinier les surveille.

A ce moment, la maîtresse de maison se dirige vers le perron. Je ne peux m'empêcher de la suivre. Elle actionne vigoureusement la cloche, qui émet un si, haut perché et comminatoire. "C'est l'heure du goûter, vous comprenez ; si on ne les appelle pas, ils vont se nourrir de chewing-gum ! Il fait chaud, n'est ce pas ? Vous prendrez bien un petit rafraîchissement ?


Alors ? Tous aux abris ? Bien sûr !

Quel abri ?

  • https://livre.fnac.com/a10127673/Mary-Bertrand-Petite-histoire-des-nains-de-jardin

    · Il y a environ 6 ans ·
    Photo

    Susanne Derève

    • merci Suzanne ! ce sujet m'a déjà titillé...Ne connais pas cet ouvrage qui a l'air bien documenté ; un des mes amis brocs m'a fait des cours... Et prendre en photo ces décors est toujours très intéressant, justement du fait de l'ambigüité des frimousses joviales ou grincheuses, u détachées ou obsédées...Peut-être me lancer sur ce sujet ?

      · Il y a environ 6 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

  • Pour le chien oui, même à la campagne... Mais elle est transmutée en abris kit plastique prêt à monter, généralement de couleur poupée Barbie, c'est à dire rose fluo, vert chewing gum (noter que j'utilise une majuscule pour ne pas me faire balancer), offert pour Noël (noter la majuscule) pour les enfants (noter pour, préposition qui s'applique à une fête et à des êtres) et qui ne sert que quelques heures...

    · Il y a environ 6 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

  • Noter que la niche a presque complètement disparu.

    · Il y a environ 6 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

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