Tous les chemins mènent à soi
Jean Claude Blanc
Tous les chemins mènent à soi
La route est parsemée d'embûches
Sur un caillou parfois trébuche
Perdue conscience, et connaissance
S'y réfugie mon arrogance
Tous les chemins conduisent à soi
T'as beau jouer les fiers à bras
Les évidences font la loi
Les apparences, montrées du doigt
Pris mon bâton de pèlerin
Pour m'embarquer sur les chemins
Mais l'horizon n'a pas de fin
De mon image, je suis témoin
Personne n'échappe à son destin
Proverbe qui mange pas de pain
De la nature, moi, j'ai faim
Suis un âne à mâcher du foin
Dans les montagnes, j'y vais chercher
D'imaginaires voluptés
Mais les sentiers sont balisés
Souvent marqués « défense d'entrer »
A contempler sa propre image
On perd la face, manque de courage
De s'admirer, ça nous engage
A mettre à nu, nos avantages
Comme le chiendent enraciné
C'est pas facile de l'extirper
Tu pioches en vain, dans tes pensées
Repoussent vite, les regrets
Bonheur, malheur, en file indienne
Sont tour à tour conjugués
On ne peut conjurer nos peines
D'avance tout est numéroté
Suis une sorte de pionnier
Fervent d'action, de liberté
Celle qui mène aux rêveries
Faisant semblant d'être soumis
Pour faire le tri, dans ma caboche
J'enlève d'abord, ce qui est moche
Comblant le vide, par mes idées
Qui trouvent leur nid, pour s'extasier
Tous les matins, mènent au miroir
Aux douches froides, et aux déboires
Que vais-je faire de ma journée
On verra bien, suis pas pressé
D'aller partager les rengaines
Des angoissés, qui se démènent
La foule houleuse, s'il elle se noie
N'ai pas envie d'y perdre mon Moi
Quand tombe la nuit, je succombe
Au plaisir de mes parts d'ombre
Tiennent conseils mes esprits
Mais à moi seul, je me fie
Putain d'ego, de narcissisme
Suis obsédé de monde parfait
Sont pas gâtés, tous mes intimes
Car mes pensées, sont loin d'ici
Mais les remords, me tyrannisent
Est-elle soignée, ma belle mise
Pour conquérir les femmes savantes
Qui déshabillent mon bas ventre
Au fond de ma loge, il y a un œil
Qui me surveille, l'air de rien
Au moindre écart de mon orgueil
M'étreint la tête, de coups de freins
On est campé, sur quant à soi
Pour se vanter, on est les rois
Quand le silence, nous engloutit
Se battent en duel, nos conflits
Le frère qui quête le salut
Souvent se joue les parvenus
Au fond de lui, il est perdu
Rumine ses haines et ses vertus
Devant ma glace, fais des grimaces
En alternant, le beau, le laid
A quoi ça tient, pour plaire aux dames
Un bout de chair, bien placé
Tous les chemins mènent à soi
C'est imparable, route tracée
Ne sert à rien de cogiter
On ne vit qu'aux dépens du Moi
JC Blanc avril 2020 (ma minute de philosophie