Toute une vie entière

Lancer les dés sur le tapis, piocher l'as de coeur et tout remporter, les rois, les reines et les valets, parier sur le meilleur cheval, celui qui ne payait pas de mine. Je ne suis pas une gagneuse, on joue pour des haricots secs. Au jeu de l'amour et du hasard, je ris de bon coeur, les amoureux deviennent de délicieux valets, feinte sans laquelle la pièce n'existerait pas. Jouer sa vie, être attiré par les sports extrêmes, je ne suis guère spectatrice, je suis parfois admirative, parfois je me dis que c'est trop dangereux, complètement fou, chacun son trip, chacun sa foi. Marcher dans le désert, la soif au corps et à l'âme, accomplir une traversée édifiante, en accord avec soi-même et le sable qui enlise tout un être sous des dunes aveuglantes. Se lancer à la poursuite d'une liberté assoiffée, poussé par un vent qui vous martèle la tête et le dos, et vous fait fléchir les genoux, jusqu'à tomber. Il y en a qui aiment dépasser leurs limites, se dépasser, quitte à se mettre en danger, que veulent-ils se prouver? Impression de vivre quelque chose de grand, de géant, sinon que vivrait-il? Ils veulent aller chercher ce géant sans lequel ils ne pourraient vivre, ce géant qui vit en eux et les dévore. Alpinisme, escalade, sports de glisse, Formule 1, il y a tant de sports où l'on joue sa vie. Leur vie passe après le plaisir de l'adrénaline, du grand frisson, envie ou non de faire comme eux, je préférerais tutoyer les baleines et les dauphins, entendre leur chant, nager avec eux. 

Lancer les dés sur le tapis ou me lancer dans la rivière toute ensoleillée... à la course en solitaire. Faire quelque chose d'insolite pas forcément extrême... Le faire pour soi, pour vivre comme dans un film toute une vie entière.