Traces (2)

Gabriel Meunier

la vie est-elle un cycle ? Sans doute un immense palimpseste

sur le sable sur la neige sur les murs sur les vagues sur le terre sur la peau sur la pierre sur le coeur sur le fer sur l'étoffe sur la glace sur le bois sur l'herbe sur le papier sur les nuages sur la langue


Que deviennent les esquisses des peintres distraits ?

Que deviennent les châteaux de sable après la marée ?


Fragiles

inachevées

naissances disparition

chaque jour inconsciemment volontairement

milliers de traces de signes d'empreintes à peine visibles

parfois terribles blessures offertes pour d'improbables cicatrisations.


Traces

naissances

au creux des sillons

attentes secrètes d'un été

infinies esquisses nécessaires

espoirs les plus simples les plus fous.


Petites morts

secrètes

la sente oubliée quelques jours

hautes herbes taillis et forêt cicatrisent vite

comme le sillage des paquebots disparus dans la brume

ces traces tournent la page ouvrent la route laissent place à d'autres mains d'autres plumes.


Condamnés

à laisser des traces

du matin au soir toute la vie

rien ne se perd rien ne se crée Lavoisier voyait loin

la pierre philosophale ne relevait pas que du mythe ou de l'incantation

mais le zéro déchet n'est pas là ; devons nous accepter ces petites taches traces empoisonnées ?


L'escargot

laisse sa bave

que laissons nous de notre passage ?

juste quelques traces de pétrole dans les mers

de plutonium sous terre de kérosène dans les airs

soyons plus humbles.


Témoignages

d'erreurs passées

porteuses d'avenirs

suivons toutes les traces

parfois si possible les redessiner

la vie n'est qu'un immense palimpseste


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