Tractons la chance, Debout la France

Jean Claude Blanc

dans la peau d'un colleur d'affiches...

                  Tractons la chance, Debout la France

A la retraite ultime corvée

Me mettre aux ordres de la République

Bénévolement me consacrer

A soutenir un politique

Evidemment pas n'importe qui

Sage souverainiste en sa patrie

 

Naturellement de bon aloi

Enfile costard de Nicolas

Dupont Aignan, vous trompez pas

Un jour, qui sait, Chef de l'Etat

 

Alors je tracte, pas pour l'argent

Indispensable passe-temps

Alpaguer les abstraits chalands

Le faire connaitre comme Président

Pour la plupart ignorants

 

Colleur d'affiches, fichu boulot

Déchirées quand j'ai tourné le dos

Recommencer tout à zéro

En remettre une couche, se lever tôt

 

La concurrence est féroce

Même qu'on n'est pas à la noce

Un véritable sacerdoce

Se foutent de nous, putains de gosses

Ne sachant pas que pour eux on bosse

 

Faire les marchés, c'est capital

Là où y'a foule, on se régale

Mais faut se montrer humble et loyal

Sinon les gens qu'ont plus le moral

Se carapatent, c'est bien normal

 

Bandes d'éclaireurs, boy scouts

Fidèles toujours, on tient la route

Pour convertir tous ceux qui doutent

De leur humeur, on passe outre

 

C'est le printemps, faut profiter

Les élections vont pas tarder

Pourquoi se faire chier à jardiner

Y'a mieux à faire, distribuer

Des bouts de papier, mis au panier

Par celui qui ne vote jamais

Fallait que je prenne mon parti

Mais contrariant mon cher esprit

M'a orienté vers le plus petit

Un inconnu, bien m'en a pris

Me voilà armé, cartons en mains

Courant après le moindre péquin

Lui si pressé de prendre son train

Par charité, chope mon bulletin

 

Faut en prendre soin de ces paperasses

Même faire gaffe qu'elles ne se froissent

Car pour un type de cette classe

Même s'il passe devant la glace

Faut faire mousser sa noble face

 

Interminables discussions

Chacun y va de ses opinions

Macron, Fillon ou Mélenchon,

« Tous les mêmes, ces faux jetons »

Dur d'opposer contradiction

Le peuple ayant toujours raison

 

Parfois on tente un point de vue

Dupont Aignan pour ses vertus

A l'Assemblée, honnête élu

Pas réputé, peine perdue

 

C'est pas le projet qui les attire

Ces braves français, du genre satire

Les bonnes bouilles tellement font rire

Rien qu'à leur gueule, se font élire

 

Ma pipe, mon sac, mon matériel

Ainsi muni de l'essentiel

Pour conquérir ces rebelles

Paré à toutes formes d'étincelles

 

Les blâme pas ces dégoûtés

Ces éternels pigeonnés

A leurs reproches, dois me plier

J'encaisse les torts bien obligé

Pourtant moi-même concerné

 

Etant blindé, pas né d'hier

Cerné de près par la misère

M'étonne pas de leur colère

Me risque pas de commentaires

 

Y'a les sympas qui de bon cœur

Pas de mon avis mais grands seigneurs

Me congratule pour mes bonnes œuvres

Tout me priant de prêcher ailleurs

 

Ça me ravigote, c'est ça qu'est chic

Vais pas rester mou comme une chique

Debout le France, notre République

Par chance on est toute une clique

Dupont Aignan, donne la réplique

On sert d'offrande à son public

 

Comme en témoignent ces vrais gaullistes

Chevènementistes, séguinistes

Tractons, traquons à l'improviste

Rejoignez-nous, pour faire liste

Pour l'avenir c'est la bonne piste

Faisons la nique aux extrémistes

 

Etat d'urgence et de danger

Ne suffit pas le proclamer

Rien d'autre à faire que se bouger

L'Europe enfin mise au musée

France des Lumières, la conforter

 

Mais n'y croient plus les malheureux

Qui veulent pas entrer dans mon jeu

(Ne sachant pas que c'est du sérieux)

Mon baratin fait ce qu'il peut

Pour leur donner les larmes aux yeux

Sera difficile les persuader

Qu'ils peuvent encore s'imposer

Hors des partis se gouverner

Sont que de passage les députés

 

Péroraison que personne n'entend

Sans doute blasés de faux serments

Ne se fient plus aux beaux sermons

Peut-être pauvres mais pas cons

Ces Etres intègres à qui l'on ment

 

Tracter encore même pas bien rose

Et sans jamais faire de pause

En sortira sûr quelque chose

L'humanité en a sa dose

Comptant sur nous, défendre sa cause

 

On manque de bras et de pognon

Ce qu'on se fait suer pour la Nation

Charger nos coffres de bagnoles

De vifs slogans et de pots de colle

 

Sont bien venus les volontaires

Les solitaires, les solidaires

Venu le temps de la drôle de guerre

Où les bobos n'ont pas de frontières

Les prévenir, c'est nécessaire

La CEE, rude partenaire

Tractons, traquons sans nous lasser

Les oubliés, les délaissés

Considérés mauvais français

Qui même refusent d'obtempérer

Face aux génies des Assemblées

De la CEE, commun marché

(Macron n'ayant rien inventé)

 

Sa marche à lui, c'est se déhancher

Comme une gonzesse prostituée

Pardonnez-moi cette vérité

On fera les comptes à l'arrivée

 

Debout la France, je le répète

Même que Marianne s'en fait une fête

Laïcité enfin clamée

Dans nos régions et nos quartiers

Où l'on n'a plus le droit de cité

Si j'enflamme tard ce soir

C'est qu'aujourd'hui j'ai vu l'espoir

Dans le regard de ces anonymes

Qui m'ont confiés leurs peines intimes

Car désormais ne sont plus rares

Ceux qui veulent plus courber l'échine

 

Alors faut pas les abuser

Est si fragile leur jugement

Par manque de citoyenneté

De modestie, ils sont souffrants  

A nous de les rafistoler

Debout la France, c'est pas sorcier

Mais il s'agit de l'inviter

Dupont Aignan, digne infirmier

 

Alors pour lui un peu de respect

Même si on le voit peu à la télé

Fait son devoir de député

En protégeant nos intérêts

Ça parait simple, mais faut oser

 

En tant que simple militant

J'ai fait le job consciencieusement

Peux m'en aller le cœur en paix

Sachant que ma France est bien gardée

Il le fallait, pour notre jeunesse

Qui est avide folle de liberté

Reprendre mon bâton de vieillesse

Ça m'a coûté que les reins cassés

Car pèsent lourd, c'est liasses de tracts

Mais pour demain faut être d'attaque

Capituler serait la débâcle   JC Blanc avril 2017  (militant pour pas un sou)      

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