Transitif - 1

   Debout dans l'entrée, tu avais adopté une attitude distante et réservée, de convention semble-t-il dans ce genre de situations.

On avait beaucoup dansé, bu quelque peu, parlé à peine. Et pourtant, nous étions face à face. Deux soirées, l'une désormais derrière nous, l'autre s'annonçait dans l'ombre écarlate.

Un pas, un regard, un sourire, toujours ce silence gêné. Pourtant, aucun de nous n'était plus d'accord que l'autre.

-        On s'oubliera par fierté ou par regret ?

A parler sans trop penser, à parler sans regarder ce que tu faisais, ta veste imbibée de gin tomba sur le parquet, puis ta chemise, ta ceinture...

-        Tu sais, les autres, j'm'en fous, t'es jolie…

Tu titubais déjà. Je résumais encore une fois : les « que toi, seulement toi, plus rien que toi » honnêtes, ça n'existe pas. Enfin, j'avais mal, tu étais à peu près là. Ce devait être tout.

   Mais voilà, un bout de chair apparent, une larme qui coule, ta main plaquée sur ma peau...

-        Ferme les yeux.

Une coupure, une brûlure, et tout s'enchaîna très vite. Ta main sur mon visage avait fini par m'être douce, tout comme tes mots.

-        Tu sais, des fois, il faut savoir s'poser, s'abandonner.

Ma peau se mit à fondre sous l'effleurement de tes doigts sages. Plus aucune question. La nuit. Rien.

-        Oui, c'est ça. Arrête de réfléchir.