Transitif - 2

_aylden_r

Par douleur et un peu de raison.

Ami, les mois nous font à présent cortège. Je ne parviens pas à t'oublier... Ou bien est-ce ton regard qui continue à me suivre ?

***

Un héraut flamboyant se perche sur le bord de scène. Il fredonne, sonne, marque trois coups. Les rideaux se lèvent. Lever du décor : je te revois, juste là. Il me semble…

Alors je tremble et me noie, je plonge, je respire alcools et fumées ! Vapeur si chère à mon cœur !

        Mais de toi, tout m'est obscur. Ton corps, des souvenirs, me reste familier ; du reste, jusqu'à ton nom, tout m'est étranger.

Silhouette miroitante, tu te glisses dans mes rêves, m'y murmure les « pires » incantations. Comme une autre, je frisonne, je rougis, je palis à ton écoute. Perdue, ça m'ouvre le cœur. Aussitôt, tu t'improvises une fois encore chirurgien des amours décomposées : une énième douce plaie et un sentiment qui me plaît.

         Avec tes baisers de rapace, l'étau est à la fois doux, langoureux et érosif. Je suffoque, j'étouffe, je ne peux plus bouger, tu me griffes, morcelle ma peau et empêche ainsi tous ces fameux mots de s'envoler...

Même maintenant, je ne m'y fais toujours pas - mais tu dois bien savoir comment sont ces sortes de love-routines. Alors voilà, « je t'aime », en sourdine.

Pendant ce temps, j'imagine ! Les odes et les compliments fusent, comblant, malgré moi, ce grand vide absent. Ta bouche en cœur. Tes paroles en fleurs. Mes bras accrochés à tes épaules joueraient alors une tendre partition, celle des tourtereaux qui s'aiment parmi des flammes de couleurs. Et alors, tout naturellement, nos passions deviendraient de la prose, un don de confidences, des secrets entre nous.

***

         Malheureusement, un rayon impudent ose et me frappe la paupière. Depuis combien de temps les cloches de messe sonnent-elles ?

Gueule de bois ou gueule d'amour, allons savoir. Ceci dit, Coq, mon fidèle héraut m'attend toujours, perché sur le grillage mitoyen, comme pour en fermer les rideaux… Douloureuse réalité ! Ah ! Chambre double, tombeau et temple des artistes !

***

L'inconnu au bataillon des désirs pense-t-il toujours à moi ? Ou panse-t-il d'autres plaie-sirs ?

***

       Ami, ma muse... Je t'en ai voulu. Voulu pour m'avoir confondue parmi d'autres. Mais finalement, je comprends tes collections, entre elles qui semblaient si ternes et moi qui devait sembler si froide...

Enfin, s'il-te-plaît, en rêves, ne me reviens plus. Les roses ont fané, comme l'eau a coulé sous les ponts. Je n'ai désormais plus de temps pour te crier un dernier chagrin. Les ruines amoureuses sont exprimées, sont ailleurs, ne m'appartiennent déjà plus.

  • Ce que j'apprécie particulièrement dans ta plume, et que tu montres à ravir dans ce poème, c'est le travail que tu fais sur la langue. Les jeux de mots sont super bien trouvés et sont tellement porteurs de signification !... Tu as des phrases marquantes dans chacun de tes poèmes.
    Au passage, on aime les petites références bien disséminées et parfaitement intégrées à l'ensemble (coucou Racine et Baudelaire) ;-)

    · Il y a environ 4 ans ·
    Inspiration 1

    Dominio Tokos

    • Merci...

      * clin d’œil*

      · Il y a environ 4 ans ·
      1661701961154

      _aylden_r

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