Tristan et Sylvaine

bartleby

- " Ma belle-dame, j'ai un cadeau pour vous". Il sortit de sa poche un paquet de tabac d'Espagne et se roula une cigarette.

- "Tristan, vous me gâtez ! Vous n'auriez pas dû !" s'écria Sylvaine. Elle saisit la boite ornée d'une bande noire.

- "Ne vous faites aucun souci, mon aimée, ouvrez vite !

- Oh ! Mon Dieu ! Un collier de corail ! Mais vous  êtes fou !". Elle mit un instant de côté son assiette dans laquelle une crêpe au citron flambée au Grand Marnier brûlait encore. Un bouquet d'Amaryllis était également posé en bout de table.

- "J'ai hésité avec un grand ou un petit collier d'argent, puis je me suis dit que celui-ci se marierait mieux avec votre peau !". Il sourit. Elle parut légèrement embarrassée:

- "Vous savez, je viens à peine de perdre mon mari et...

- Alors dites-vous que vous vivez une sorte de demi-deuil... S'il s'est perdu sur le cruel échiquier de la vie, vous, Sylvaine, restez maîtresse de votre damier. Prenez plaisir à jouer un peu avec moi, ne faites pas votre mégère avant l'heure. Voyez cette aurore printanière, ne vous sentez-vous pas renaître face à ce beau paysage ?". Elle regarda à travers la grande baie vitrée du restaurant. Là, l'orée du grand mars changeant pouvait en effet la laisser de nouveau rayonner.

- "Cette nature fait de vous non plus une simple femme, mais une véritable Diane chasseresses ! Laissez-moi devenir votre Appolon, Sylvaine !

- Que de grands mots, Tristan ! Mais... dans vos yeux, c'est vos yeux de Vulcain que je devine. Qu'avez-vous donc en tête, flatteur que vous êtes !

- Partons ensemble Sylvaine ! Je vous offre ma carte géographique du bonheur !

- Je vous suis, Tristan. Mais faisons ce voyage tendrement, à petite vitesse. Comme le ferait une petite tortue...".

C'est alors qu'entra dans la salle de restaurant, un petit papillon, symbole de liberté. Elle en avait déjà plein les yeux. Saurait-elle seulement les compter ?

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